La formation de la volonté et l’abandon à la Providence

… Il suffit de regarder l’homme en homme pour sentir confusément que cet être n’habite pas en lui-même, qu’il est pour ainsi dire tombé en dessous de sa nature et qu’il doit remonter incessamment une pente1

Chers grands-parents, quoi de plus contraire à notre monde que de voir en l’homme, une créature déchue qui doit reconquérir un peu de la perfection dans laquelle il a été créé ! C’est pourtant bien la réalité de sa magnifique mission sur la terre …

Depuis le péché originel, le devoir de la famille -seule institution qui n’ait été abolie ni par le péché originel ni par le déluge- est de faire remonter ses enfants vers les hauteurs d’où ils viennent. Notre devoir de grands-parents est donc de faire de nos familles des lieux qui tirent vers le haut ! Et … comme le dit modestement un chartreux, elles deviendront alors « à peu près ce que nous désirons ».

Mais comment faire ? Comment susciter chez chacun des membres de nos familles cette volonté d’accéder à ce but supérieur qu’est la sainteté. Comment donner à chacun la volonté constante d’accéder à un but qui lui est supérieur. Et comment arriver à cet idéal ?

Il nous semble que plutôt que de se limiter à enseigner à chacun ce qu’il doit faire, il est nécessaire de générer, un enthousiasme, une passion pour le but recherché. Il s’agira d’apprendre à porter sa croix plutôt qu’à la traîner. Pour cela, après avoir enseigné la magnificence des  vérités éternelles, il nous faudra donner à nos enfants la capacité de remplir cette mission avec magnanimité. Nous avons retenu pour cela deux objectifs simples, de nature à susciter chez chacun cette capacité à remplir magnifiquement son devoir : La formation de la volonté et l’enseignement de l’abandon à la Providence divine.

La formation de la volonté.

J’ai peur que nous ne marchions vers une espèce de paradis à raz de terre où, nos pieds ne rencontrant plus d’obstacles, nos ailes n’auront plus d’emploi2.

Que faut-il pour aller au ciel ? Premièrement le vouloir ! Nous enseigne l’Eglise. Encore faut-il être capable de vouloir ! Et c’est à nos familles à former des êtres de caractère ! Pour des motifs multiples et plus ou moins légitimes, – de sécurité entre autre –  nous avons de plus en plus tendance à surprotéger nos petits et à leur effacer tout obstacle. A cela s’ajoute un amollissement psychique et physique généré par un monde ou le confort considéré comme un droit, leur évite toutes les souffrances naturelles imposées par la vie (froid, chaud, fatigue…). Sans former nos enfants au courage, nous leur apprenons à traîner leur croix !

Sans encourager les parents à l’imprudence, il faut leur rappeler que, pour s’épanouir et acquérir une véritable volonté, les enfants doivent se dépasser !  « La vie est un combat, le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent 4».

Encourageons nos familles  à placer leurs enfants dans des œuvres où leur seront enseignés l’engagement, la rusticité et le dépassement de soi. Les activités et mouvements ne manquent pas pour cela ! La chasse, le scoutisme, les camps de formation sont autant de lieux de nature à former la volonté de nos enfants. En outre, dans la vie quotidienne laissons-les prendre les risques nécessaires à leur formation et encourageons-les à s’engager pour de bonnes causes, à défendre leur foi dans des contextes difficiles. Leur lot sera de se battre pour leur foi… donnons-leurs les armes dès que c’est possible !

L’abandon à la Providence divine

Faire à Jésus l’honneur de ne rien craindre, à cause de lui. Ce n’est pas une question de volonté, mais d’humilité et de prière5.

La pure volonté humaine ne saurait suffire ! Le chrétien, le héros chrétien, n’acquerra la noblesse d’âme que par l’humilité et la prière ! Il devra connaître et savoir utiliser les moyens naturels pour se battre, premièrement contre lui-même mais aussi avoir la conviction que c’est Dieu qui donnera la victoire.  Toute action peut-être accomplie avec un véritable héroïsme chrétien, à condition d’être réalisée de la façon la plus parfaite possible et dans le plus grand abandon possible. Le combat entaché d’orgueil perd une grande partie de son mérite et donc de son efficacité.

La véritable action chrétienne se différenciera très vite de l’action essentiellement humaine. Dans toutes ses actions, avant l’efficacité, le chrétien cherchera sa sanctification propre. Il renoncera à de nombreux moyens contraires à sa foi et confiera chaque jour ses actions à Notre Seigneur…

 

Et nous-mêmes, donnons l’exemple de cet abandon dans la conduite de notre famille ! Nos enfants, nos petits- enfants nous verront agir, verront comment nous réagissons dans les succès comme dans les échecs et en tirerons des fruits!

 

Prions saint Joachin et sainte Anne, patrons des grands-parents de nous éclairer dans notre rôle de chefs de famille et de nous aider à piloter au mieux notre barque.

Bon courage à tous !

Des grands-parents

1 Gustave Thibon

2 Gustave Thibon op. cit.

3 Primat de Belgique pendant la première guerre mondiale

4 Elie Denoix de Saint Marc

5 Don Chautard « l’âme de tout apostolat »