Lorsque nous disons cette belle prière du Notre Père, nous demandons le pain quotidien et à être pardonnés comme nous pardonnons.
Mais as-tu pensé que ce pardon doit être aussi au quotidien renouvelé, accompli pleinement afin d’éviter l’accumulation de petites rancœurs. Mille petits pardons peuvent émailler nos journées car mille petites piqûres d’amour propre y viennent si facilement.
Pardon pour la vieille dame ou le monsieur grincheux qui me coupe la file ou ne sait pas conduire sur la route sans gêner ma trajectoire… Pour celui qui prend mon tour alors que j’attends pour me confesser. Même là, je peux bouillir et arriver au confessionnal toute agacée.
Plutôt que de maugréer ou les traitant de sans gêne ou de chauffard, j’offre pour eux un Je vous Salue Marie…
Pardon pour la personne qui vient me déranger ou me surprendre en plein travail, bien inopportune, qui se rappelle vivement à moi alors que je l’avais totalement oubliée et me montre ma distraction. C’est si facile alors d’aboyer alors que je suis interrompue ou un peu en tort. Et pour celle qui me raconte inlassablement les mêmes histoires et revient à la charge…
Pardon pour le service rendu qui m’a coûté et que personne n’a remarqué ou si peu. Pour celui qui n’a pas vu ou compris le temps et la peine que j’ai pris pour lui. Plutôt que de le faire remarquer d’une manière ou d’une autre, je reste silencieuse et pense à Celui qui nous a tout donné et que nous ne remercions guère. Cela rabote ma vanité et me remet à ma place, surtout si je prie à ses intentions …
Pardon pour les paroles désagréables qui me sont dites par devant ou par derrière me revenant aux oreilles. Comme je voudrais me justifier et confondre l’impudent ! Mais, il est mieux si ma réputation ne doit pas être rétablie (pour des raisons graves), de me taire et d’offrir. Combien de fois, n’ai-je pas écorné les autres d’un mot trop vif, ou d’une parole sous-entendue…
Pardon pour les faiblesses de caractère, les sautes d’humeur, les différences de tempérament, les petites manies, les maladresses qui me portent sur les nerfs. Si je me voyais agir, un miroir me reflétant, que penserai-je de moi ? Les autres supportent également ce que je suis, moi qui me crois si bien, si accomplie.
Que je sache aussi demander pardon en famille à la prière du soir, pour tout ce qui a pu peiner les autres, et bien vite dans la journée à ceux que j’ai offensés pour que le soleil ne se couche pas sur leur colère ni sur la mienne…
Pardon pour ce monde apostat ou ignorant. Je donne bien volontiers mon avis sur ce que serait un monde meilleur. Mais je pense si peu à prier pour ceux qui ont de lourdes charges. Les premiers chrétiens n’en voulaient à personne car un catholique n’est ni un mouton ni un révolté. Pas plus que Marie au pied de la croix n’en voulait aux bourreaux ou à l’humanité coupable… Elle priait en silence et offrait sa peine pour les hommes, en union avec son Fils…
Pardon enfin pour les fautes que je commets et qui m’agacent. Tant d’amour propre vient se glisser dans mon désir de progresser. Est-ce que je sais me pardonner de n’être que ce que je suis, sous le regard de Dieu, bien humblement ?
Que je sache Lui demander de ne pas m’étonner de chuter et de ne compter que sur Sa grâce, afin que mon cœur se dépouille de lui-même jusqu’à la fin…
Jeanne de Thuringe