Dans un monde qui bouge, pourquoi aurais-je besoin d’une vie intérieure ?

La vie intérieure ? Voici des mots qui paraissent bien difficiles et qui ne présentent aucun attrait…Ce n’est pourtant qu’une réalité toute simple : La vie intérieure c’est la vie de l’âme.

Dieu nous a donné une âme et un corps ; ce dernier ne se laisse que bien rarement oublier : si nous avons faim ou soif, chaud ou froid, si nous sommes blessés, immédiatement nous accourons à son secours. Notre âme, elle, est plus discrète… C’est seulement quand nous entendons la petite voix de la conscience (qui se fait d’ailleurs de plus en plus discrète à mesure que nous n’y portons pas attention…) que nous réagissons. Mais le bruit, les multiples activités, les sollicitations visuelles, olfactives, tactiles et gustatives nous laissent –elles le temps de porter attention à la vie de notre âme ?

« Et alors ?, me direz-vous, Je vis très bien ainsi ! Quels seront les avantages que je retirerai à m’occuper d’elle ?

« L’âme est le siège de la volonté, elle est le creuset où s’élaborent les raisons profondes de nos vouloirs humains. C’est le poste de commandement d’où partent les ordres dont dépendent toutes nos activités[1]. » Si nous ne donnons pas les guides à notre âme, ce sont les sens qui les prendront. C’est comme si nous montions dans une voiture dont les freins ne fonctionnent plus… Nos impulsions nous guident à partir d’impressions, de réflexes gardés, de principes enseignés quand nous étions petits, mais aussi des influences subies, des musiques entendues, des alcools bus… A qui préférerons-nous donner le volant ?

L’harmonie

Avec la vie du corps, l’âme doit réaliser une harmonie. Notre vie actuelle est certes, qu’on le veuille ou non, faite d’activités multiples, de sollicitations extérieures, d’agressions même ! Mais notre âme, en état de grâce (c’est indispensable), si elle est nourrie, parvient à trouver un équilibre. Elle nous permet de ne pas « subir » la vie, de ne pas répondre aux stimuli par des impulsions non raisonnées. Elle « garde la main », sans nous empêcher de vivre mais avec la maitrise des éléments.

Le courage

Reconnaissons qu’il faut un certain courage, parfois même héroïque, pour savoir se replier quelques instants dans le silence au milieu des clameurs assourdissantes et voir clair, pour écouter ses « voix de l’âme ». Mais cela est indispensable à qui veut remplir son devoir « dans la lumière ».

Ce recueillement intérieur (dont l’habitude s’acquiert) permet une mise en adéquation de notre vie habituelle avec le vouloir divin. Notre âme devient un foyer rayonnant qui s’alimente de nos prières, de nos bonnes actions, de notre charité, de nos pieux désirs. Et c’est grâce à ces petits replis intérieurs que nous pourrons maîtriser nos réactions, nos paroles et nos actes. «  Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive [2] » : cet appel du Bon Pasteur tombe dans le silence de l’âme apeurée…

Le monde ne veut plus comprendre… Mais là est pourtant le secret. La paix de l’âme, du devoir accompli, de l’harmonie, n’est-elle pas le plus beau gage de bonheur ?

Acceptons d’abandonner tous ces préjugés qui veulent nous faire croire que nous sommes plus heureux en laissant aux autres le soin de s’occuper de Dieu. Rejetons le respect humain qui nous empêche d’agir en véritable catholique ! Ne nous décourageons jamais car Dieu voit nos plus petits efforts et nous donne la force pour persévérer.

Quelques moyens :

  1. a) Prendre ou reprendre des habitudes de prière. Le 100ème anniversaire de Fatima nous aide à reprendre notre Rosaire. N’oublions jamais d’offrir notre journée à Dieu le matin et de Le remercier le soir. Soyons fidèles à la pratique des trois Ave Maria de Sainte Mecthilde.

« Prier avant d’agir et pour efficacement agir ne vaut pas seulement dans le cas du dessin général de l’existence, mais pour chaque journée. (…) Au lieu de nous précipiter tout de suite, mettre un intervalle, nous ressaisir, purifier l’intention, élever l’âme vers Dieu[3] »

  1. b) Se former. Reprendre de bons livres de formation : Le Catéchisme du Concile de Trente, ou le bon catéchisme de nos diocèses de France et en lire chaque jour quelques réponses. Trouver un bon guide qui nous évitera de perdre du temps à chercher l’enseignement dont nous avons besoin. Eviter à tous prix de recourir aux fausses sirènes qui tentent plus d’un avec assurance. Ne pas hésiter à prendre quelques jours pour se retirer et faire une bonne retraite. Vous trouverez sur notre site l’adresse de notre aumônier, n’hésitez pas à lui demander conseil.
  2. c) « Dieu premier servi[4]! ». « Ne cherchez pas Dieu au dehors, mais là, en vous, où il habite pour vous, où il vous appelle, vous attend, là où il souffre de vos dissipations et de vos oublis.[5]»

Faire passer l’essentiel avant l’accessoire. Voir le bien commun en priorité (malheureusement on ne peut pas secourir toutes les âmes troublées ou inquiètes). Aimer le sacrifice : « Les sacrifices sont des joyaux que Dieu te donne pour sauver tes frères »[6].

Faisons bon usage de notre liberté : ce grand mot, tellement méconnu. Notre liberté est celle des enfants de Dieu… Parfois Il nous laisse très longtemps jouir de ce que nous croyons être notre liberté (alors que nous la faisons servir à des fins contraires), mais ne nous méprenons pas et n’oublions jamais la parabole des talents[7]

  1. d) Rayonner ! « Si vous avez reçu la vie dans l’Eglise, ce n’est point pour la garder stérile dans vos âmes. Vivre c’est agir. Dieu vous demandera compte, à tous, du salut de vos frères ; rendez-vous chaque jour plus capables de leur communiquer la vie que vous possédez vous-mêmes »[8]

Le temps que vous donnerez à Dieu ne sera pas du temps perdu ; n’est ce pas Lui qui nous accorde chacune des minutes que nous vivons ? Ne serait ce pas un juste retour des choses que de lui offrir quelques uns de ces instants pour l’en remercier, pour réparer les offenses ou pour, tout simplement, lui offrir la joie de rencontrer son enfant dans un cœur à cœur.

Ajustez bien le soc de votre charrue afin que le sillon que vous tracerez dans la vie soit profond et bien droit. Vérifiez les freins de votre voiture et réservez toujours la meilleure place à votre Créateur qui quoique vous vouliez, quoique vous fassiez, vous protège dans sa main paternelle comme l’oiseleur tient l’oiseau sorti du nid.

Connaissez-vous la seule différence entre cet animal si étonnant qu’est l’escargot et la laide limace ? Une coquille, qui paraît dure mais qui craque à la moindre pression ! Vous êtes catholiques ? Soyez en fiers ! Mais pour le rester, il est indispensable de nourrir son âme sinon la carapace ne tiendra pas sous la pression de ceux que vous croyez être vos amis, qui vous proposent « du pain et des jeux » et qui veulent empêcher les hommes d’être ce pour lequel ils ont été crées : des êtres libres, des enfants de Dieu !

Anne

[1] Marcel Rendu.

[2] Saint Marc 8 ; 34-38

[3] Raoul Plus – Rayonner le Christ

[4] Sainte Jeanne d’Arc

[5] Monseigneur Mercier

[6] Jacques d’Arnoux

[7] Saint Matthieu 25 ; 14-30

[8] Saint Pie X