Lamento de Pénélope

Notre citation pour novembre et décembre :  

« Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires,

Ni même retenir par cœur une prière.
Mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur,

Je l’ai chanté, Seigneur. »

Maurice Carême, prière du poète

 

Lamento de Pénélope

Le retour d‘Ulysse dans sa patrie

Opéra en cinq actes (1641) acte 1, scène 1

Illustration lyrique de la fidélité de Pénélope à son époux, un chef-d’œuvre de Monteverdi, redécouvert en 1924

Di misera Regina non terminati

mai dolenti affanni !
L’aspettato non giunge, e pur fuggono gli anni.
La serie del penar è lunga, ahi troppo.
A chi vive in angoscie il tempo è zoppo.
Fallacissima speme,

speranze non più verdi, ma canute,
all’invecchiato male non promette

più pace o salute.
Scorsero quattro lustri dal memorabil giorno
in cui con sue rapine
il superbo Troiano chiamò

 l’alta sua Patria alle ruine.
A ragion arse Troia, poiché l’amor impuro,
ch’è un delitto di foco, si purga con le fiamme.
Ma ben contro ragione, per l’altrui fallo
condannata innocente, de l’altrui colpe sono
l’afflitta penitente.
Ulisse accorto e saggio,
tu che punir gl’adùlteri ti vanti,
aguzzi l’armi e susciti le fiammeper vendicar

gl’errori d’una profuga greca,

 e ‘n tanto lasci la tua casta consorte
fra nemici rivali
in dubbio de l’honore, in forse a morte.
Ogni partenza attende desïato ritorno,
tu sol del tuo tornar perdesti il giorno.

 

 

Les douleurs d’une reine infortunée ne connaissent pas de fin !

Celui que j’attends ne vient pas et les années s’enfuient.

Trop longs et trop nombreux se succèdent mes chagrins et le temps dure à une âme angoissée.

Espoir trop fallacieux, verte espérance qui a pâli,

vous n’apportez plus à celle qui a vieilli paix ou salut.

Quatre lustres se sont écoulés depuis le jour mémorable où par un enlèvement, l’orgueilleux Troyen provoqua la ruine de sa patrie.

L’incendie de Troie ne fut que justice puisque l’amour impur, crime d’ardeur, se purge lui-même dans les flammes.

Mais quelle injustice que, dans mon innocence, je sois, par la faute d’une autre, condamnée à être la pénitente !

Ulysse prudent et sage, toi qui te vantes de punir l’adultère, toi qui vas jusqu’à déclarer une guerre acharnée pour venger les errements d’une grecque fugitive,

Tu abandonnes ton épouse fidèle au milieu des ennemis, au danger de son honneur et même de sa vie !

Tout départ comporte un retour désiré, mais toi seul as perdu de vue le jour de ton retour.