Comment faire un bon Carême en famille

Avec le Carême, nous entrons dans le temps de la Rédemption. Jésus est venu nous sauver. Son œuvre de Rédemption commence par la prédication de la vérité qui va nous éclairer ; or Ses toutes premières paroles sont un appel à la conversion : « Les temps sont accomplis, le royaume de Dieu est proche : convertissez-vous et croyez à l’évangile »(Mc 1,15)
Se convertir, se repentir, faire pénitence….quelle exigence ! Notre-Seigneur n’y va pas « par quatre chemins », Il va droit au but…et insiste même : « Si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous… » (Luc 13,3)
Par le péché originel, notre nature a été blessée, défigurée ; et cette blessure se traduit par une inclination au mal. Cette inclination nous appelle sans cesse au combat spirituel ! Depuis le péché originel notre âme est restée affaiblie dans sa volonté, c’est pourquoi elle doit maintenant continuellement faire effort pour résister au mal et faire le bien.
Ce temps liturgique nous montre maintenant Jésus au désert, pour 40 jours de prière et de pénitence avant de commencer sa vie publique de prédication.
Nous Le voyons aussi aux prises avec Satan, venu Le tenter…Nous comprenons alors pourquoi l’Eglise a fait du Carême un temps plus particulièrement consacré au combat spirituel…
Nos armes ne sont ni charnelles, ni matérielles, elles sont spirituelles !
Pour faire un bon Carême en famille, 3 moyens nous sont indiqués par l’Eglise : prière, pénitence, générosité.

La prière
Si, dans la prière, nous faisons appel à la force divine (la grâce), Dieu ne la refuse jamais à ceux qui la demandent avec humilité et confiance. Avec la prière nous sommes assurés de la victoire !
Pour prier faisons donc preuve d’humilité, reconnaissons notre faiblesse. Le bon Dieu nous prendra alors en pitié et nous enverra son secours.
Reconnaissons nos défauts : quelquefois nous ne les voyons même pas…dans d’autres cas nous les voyons bien…mais nous avons tendance à nous en accommoder…c’est que nous y sommes plus ou moins attachés ! Et ce qui nous manque est justement l’effort de volonté pour les vaincre… La prière éclairera notre esprit, fortifiera notre volonté pour nous aider à nous corriger de nos défauts.
Au début du Carême, discutons avec chacun de nos enfants, seul à seul, pour cerner avec eux un ou deux de leurs défauts à combattre ; et nous les laisserons inscrire cela sur un petit carton qu’ils mettront par exemple sous le socle d’une statue de la Sainte Vierge, et qu’ils regarderont souvent pour bien se le rappeler pendant ces jours de Carême.
Dans ce domaine de la prière, soignons particulièrement l’examen de conscience du soir : c’est l’occasion de se reprendre si on l’avait un peu oublié… Décidons de prier davantage sous deux aspects : seul et en famille. Cette année du centenaire des apparitions de Fatima nous encourage tout naturellement à la récitation du chapelet ! Lors de chacune de ses apparitions Notre-Dame a recommandé vivement de dire le chapelet : « Je veux que vous disiez le chapelet tous les jours… » Comment résister à cette insistance de notre mère du Ciel ? Reprenons le chapelet en famille si nous ne le disons pas…Disons-en un peu plus si nous en avons déjà pris l’habitude ! Que nos enfants prennent « le pli » de prier seuls, dans leur chambre ou devant l’oratoire familial…Une lecture pieuse pourra nourrir cette prière…conseillez-les en fonction de leurs capacités et de leur âge.

 La pénitence 

Ce mot veut dire changer la vie en même temps que le cœur, cela se traduit en actes et en gestes de pénitence. Dans le vocabulaire chrétien elle signifie l’ascèse, autrement dit l’effort concret et quotidien de l’homme, soutenu par la grâce de Dieu, dans une progression continuelle vers le mieux.
La pénitence est donc la conversion qui passe du cœur…aux œuvres. Pour cela nous devons avoir le sens de Dieu, et le sens du péché…c’est la conscience. Hélas on peut constater actuellement une éclipse de la conscience et même sa déformation…Le sens de Dieu est obscurci, et alors, si cette référence intérieure décisive est perdue, le sens du péché disparaît : « Le péché de ce siècle, disait Pie XII, est la perte du sens du péché »
Pendant le Carême, la pénitence sera adaptée à chacun et prendra des formes multiples. Expliquons bien à nos enfants que cela consiste à accepter de réformer dans notre vie ce qui demande de l’être… Chacun d’eux choisira donc, guidé par la prière, un effort de Carême en fonction de ses défauts, de ses faiblesses. Guidons-les doucement s’ils sont indécis, ou conduisons-les au prêtre qui les aidera.
Cela peut commencer par mieux faire notre devoir d’état souvent relâché avec le temps…Il peut s’agir encore d’une privation, de prendre un repas plus « spartiate » (pourquoi pas le vendredi soir ?)… Le jeûne est une forme traditionnelle de pénitence, fortement recommandée par l’Eglise, et qui mérite d’être encouragée…On peut la considérer comme une « thérapie de l’âme ». Si tous ne peuvent pas jeûner sur le plan alimentaire, il y a bien d’autres points sur lesquels chacun de nous peut trouver une privation appropriée : quelque chose qui nous coûtera sans pourtant nuire à notre santé (cigarettes, alcool, bijoux, parfum ou maquillage, bavardages au téléphone, télévision, shopping…) Par là nous affirmons notre volonté de donner la priorité au spirituel plutôt qu’au matériel.
Certains efforts peuvent même être décidés en commun et observés par toute la famille : davantage de silence en limitant la musique dans les chambres ou dans la cuisine…, décider d’utiliser les téléphones portables seulement dans les chambres ( pour les très grands enfants, et en usage restreint bien sûr…j’ose espérer que ces instruments ne paraissent jamais à la table familiale, ni dans le salon…mais cela fera l’objet d’un prochain article !)
Proposons à nos grands enfants, au début du Carême, une sélection de lectures que nous déposerons sur une table pour qu’ils choisissent eux-mêmes. Relisons la vie des saints quelques minutes le soir avec nos plus jeunes (cela est même souvent sans limite d’âge, les grands reprenant plaisir à écouter les histoires « de leur enfance » !)
Limitons les activités faciles comme l’accès à l’ordinateur (sauf si l’on doit y travailler bien sûr, mais fixons en une limite horaire), les films… Reprenons les jeux de cartes ou de société qui nous feront peut-être découvrir nos enfants sous un autre angle, et leur apprendront le respect de l’autre et de nouvelles connaissances intellectuelles… le tout dans une franche bonne humeur !
Tout cela se fera dans un esprit de générosité dans la prière comme dans la pénitence, mais n’oublions pas non plus les dons en nature, comme l’aumône, ou l’offrande de notre surplus à plus pauvre que nous. Le Carême est le moment idéal pour encourager nos enfants à prêter ou donner leurs affaires…

…Alors, joyeux et saint Carême à toute la famille !

SL