Les devoirs du soir

En réfléchissant à mon prochain article, je suis tombée sur ces lignes qui vous plairont sûrement autant qu’à moi qui les avais précieusement mises de côté dans mes petits trésors à conserver…Ne me demandez pas d’où elles proviennent, ni qui les a écrites, je ne m’en souviens vraiment plus… la vieillesse, certainement ! S’il se trouvait que leur auteur venait à les trouver ici, qu’il soit vivement remercié pour leur justesse et équilibre, preuve d’une riche expérience !

                                               S de Lédinghen

 1 Un bon niveau…et du travail

 De bonnes écoles primaires vraiment catholiques hors contrat, soucieuses de répondre aux demandes des parents, dispensent un enseignement basé sur des programmes classiques. Elles donnent une formation adéquate en vue du passage en écoles secondaires qui attendent ces niveaux-là de leurs nouveaux élèves pour poursuivre leur formation au collège, puis au lycée. Les taux de réussite exceptionnels au Brevet et au Bac, la facilité avec laquelle ces élèves poursuivent leurs études supérieures, témoignent de la qualité de l’enseignement dispensé dans ces écoles tout au long de la scolarité.

Mais « qui dit qualité, dit exigence », c’est normal. L’enfant ne pourra pas acquérir un bon niveau sans un travail personnel assidu tant en classe qu’à la maison. Partout, les difficultés de plus en plus marquées dans l’apprentissage des connaissances (manque d’attention, de concentration et de  mémorisation des notions), difficultés souvent liées à l’usage fréquent de la télévision, des jeux électroniques…ont contraint bien des établissements à diminuer la quantité de travail et donc à baisser les niveaux d’exigence.

  1. Le travail…esprit du monde, esprit chrétien.

 Les familles et les écoles ont cependant à lutter contre l’influence du monde moderne hédoniste, ce que l’on appelle la «civilisation des loisirs». Autrefois, dans une vision chrétienne de la vie, le travail était à l’honneur : la vie sociale s’organisait autour des métiers avec les corporations ; la parabole des talents rappelait à chacun ce devoir primordial de «gagner sa vie à la sueur de son front», de «cultiver son jardin» sous le soleil de la grâce, pour mériter le Ciel.

Aujourd’hui, dans l’esprit de nos contemporains, le travail est un moyen, «un mauvais moment à passer»,  souvent une «corvée» pour se procurer, avec le pain de chaque jour, la jouissance des loisirs, des vacances. On travaille pour les loisirs et ceux-ci sont devenus envahissants et chronophages par leur multiplicité et leur complexité : bandes dessinées, jeux vidéo en libre-service à la maison, week-end très chargés en activités diverses et fatigantes, et couchers souvent tardifs. Or il est impossible de concilier «super-loisirs» et «super travail» ; le travail scolaire comme le travail professionnel avec ses contraintes demandent un rythme de vie régulier, ordonné où le repos et une détente équilibrée favorisent le renouvellement des forces. « Dès que l’enfant commence à penser, il faut que le travail lui paraisse comme une belle chose. Puisse-t-il voir et sentir qu’à la maison, on ne le traite jamais en ennemi, en trouble-fête ; on ne le sacrifie pas au plaisir parce qu’il est nécessaire à la grandeur de la vie, à la noblesse de l’âme. Rien n’est plus vil que de ne rien faire ou de faire des riens. Le travail grandit l’homme, nous l’aimons, le vénérons comme une chose sainte : il est source de la prospérité et du vrai bonheur parce qu’il porte en lui sa propre récompense : la sainteté du devoir accompli. » (P Charmot, Esquisse d’une pédagogie familiale) Faire aimer le travail, travail de l’esprit, travail des bras, c’est une des grandes tâches des éducateurs. Partageons avec nos enfants la joie d’une belle page écrite, d’un devoir réussi, d’une poésie bien apprise, bien récitée. Soutenons l’enfant dans ses efforts pour vaincre les difficultés ; éveillons les énergies, les richesses mises en lui par la grâce, pour le stimuler, l’encourager dans son travail !

  1. Le rôle du travail à la maison

 Le but de ce travail est principalement de mémoriser les notions étudiées en classe dans la journée ; après la coupure du trajet et du retour à la maison, l’enfant «repasse» ses leçons, ses tables, accompagnées parfois d’un exercice écrit d’application. De plus, pour certaines matières scolaires qui exigent des exercices répétitifs journaliers, l’école s’appuie sur la famille : ainsi pour les pages de lecture, les exercices de dictée, les opérations. Le travail varie selon les classes : en CP, et en CE, les leçons sont déjà «rabâchées» et quasiment sues en sortant de classe. La mémorisation doit se faire aisément parce que les éléments ont déjà été mis en place dans l’intelligence et la mémoire avec rigueur. En CE2 et surtout en CM1, les leçons plus longues ne sont pas apprises en classe, mais les élèves, rompus aux exercices de mémoire, devraient les assimiler très vite. Par contre, dans ces classes, un exercice plus ardu de vocabulaire ou de raisonnement est parfois demandé aux élèves le soir.

Voici les temps de travail prévus par les établissements sérieux en primaire :

15 min en CP, 15 à 30 min en CE1, 30 à 45 min en CE2, 45 à 60 min en CM. Dans les pensionnats primaires, les élèves terminent leur travail en une heure d’étude. Si les enfants dépassent trop largement ces durées préconisées, il y a bien lieu de revoir soit la quantité de travail demandé, soit la façon de travailler de l’enfant : celui-ci a peut-être tendance à la nonchalance ou à la rêverie ; ou bien il a de mauvaises méthodes de travail. Les capacités personnelles d’acquisition de chaque enfant infèrent aussi sur ce temps de travail. Les parents devraient signaler  à l’institutrice si l’enfant passe systématiquement beaucoup trop de temps sur son travail car il y a un risque de fatigue, d’usure nerveuse, de découragement. Deux excès sont à éviter de la part des parents : juger les devoirs inutiles ou trop lourds ; exiger toujours plus et ajouter quantité d’exercices… Avant le travail, un bon quart d’heure de détente est nécessaire pour l’équilibre nerveux en arrivant à la maison, surtout après un long trajet. Après le travail, une vie équilibrée, une bonne détente, des occupations matérielles sont nécessaires : le R.P. Charmot fait remarquer que les enfants réfléchis et rêveurs ont besoin d’appliquer leur intelligence à des travaux matériels pour garder leur équilibre ; c’est alors le moment d’aider Papa dans les activités de bricolage, ou Maman dans ses innombrables activités domestiques. Les plus petits ont besoin de jouer plus longtemps que les grands : après un temps de détente adapté à leur âge, il est normal que les enfants aident à la marche générale de la maison par de petites responsabilités : ce cadre robuste donnera la santé, l’équilibre nerveux et les saines habitudes de l’esprit et de la volonté.

                                     SL

A SUIVRE……

Dans le prochain numéro : un cadre et des méthodes de travail ; manières de procéder.