Continuons les explications commencées dans notre dernier numéro, destinées à vous aider à prendre en main avec sérénité les devoirs du soir.
Un cadre et des méthodes de travail:
Pour être bien accompli, le travail à la maison exige des conditions propices que la vie moderne rend difficiles, hélas, avec son bruit permanent, son stress, ses longs trajets en voiture. Cependant, il est possible d’organiser sa maison en foyer d’activité laborieuse : pour cela, il est nécessaire d’imposer aux enfants, dès le bas âge, des contraintes, un règlement précis et fixe où l’improvisation et le laisser-aller n’ont pas place. C’est la règle d’or : installer un rituel « devoirs du soir » avec heure, lieu et durée identiques chaque jour.
Etre présent et montrer de l’intérêt pour les études de nos enfants avec une curiosité affectueuse.
La présence de l’adulte est garante de l’organisation et offre un cadre sécurisant qui nourrit la confiance de l’enfant. Il doit l’aider à surmonter les difficultés, sans entraver son autonomie. L’adulte n’est pas là pour prendre la place mais pour « accompagner vers une prise d’autonomie ».
S’intéresser, c’est se rendre disponible pour redevenir enfant, (partager ses émotions, ses chagrins, ses joies, ses regrets), pour élever l’enfance à sa maturité. Les enfants sont encouragés par notre enthousiasme ; si nous vénérons le travail, comme une chose sanctifiante[1], si nous aimons ces minutes de labeur quotidien, nos enfants le sentiront et n’auront pas envie de s’en débarrasser le plus vite possible car ils le prendront à cœur. Cette disponibilité, cette attention rendront les études de nos enfants très fructueuses tant au point de vue scolaire qu’au point de vue psychologique.
Bien au courant des progrès de l’enfant, les parents pourront proposer une application pratique ; une recette de cuisine, des recherches de vocabulaire dans le dictionnaire en dehors des « devoirs » proprement dits, des visites qui compléteront les acquis scolaires et leur ouvriront d’autres horizons…
Organiser un horaire régulier :
Fixer l’heure du début du travail, le temps pour l’accomplir. Ainsi l’enfant acquerra l’habitude de travailler à heure fixe en quittant aussitôt ses autres occupations quand l’heure de l’étude arrive.
Il est important aussi de fixer la durée du travail pour éviter le « vite-fait mal-fait » de celui qui va expédier son travail pour s’en débarrasser, mais aussi pour que l’enfant ne traîne pas et ne perde pas son temps en jeux et rêveries…il y a des enfants qui passent 3 ou 4 heures là où d’autres ont terminé en 1 heure ! Bien sûr, chaque enfant a son rythme de travail (il est nécessaire de laisser à l’enfant le temps de réfléchir en évitant le « dépêche-toi ») : l’usage d’un réveil peut s’avérer utile pour certains dès le CE2 : l’enfant apprend ainsi à s’auto discipliner et à « gérer le temps ».
Créer une atmosphère de travail faite de silence et de discipline :
Le silence seul permet à l’enfant de se concentrer sur ses devoirs. Il est nécessaire d’éloigner les petits bruyants ou agités afin de permettre aux grands de travailler dans le calme. L’enfant ne doit pas parler d’autre chose tout en travaillant parce qu’on ne peut pas faire deux choses à la fois. Certains enfants ne peuvent se concentrer dans l’agitation et le bruit.
Une discipline stricte : on ne se lève pas tant que le travail n’est pas achevé pour jouer, grignoter…On apprend d’abord les leçons puis on fait la lecture et les exercices ou la dictée sur une table aussi vide que possible (on peut y placer une image pieuse dont la vue encouragera l’enfant).
Porter une vigilance attentive :
Elle ne se substitue pas à l’enfant mais le responsabilise peu à peu afin qu’il devienne autonome en CM2.
C’est à l’enfant d’ouvrir son cartable, de présenter ses livres, ses cahiers… Si nous le faisons à sa place, nous le rendons passif et cette passivité tournera en habitude. Après son travail, l’enfant range lui-même ses cahiers et livres dans son cartable ; il vérifie son matériel, taille des crayons pour le lendemain : il forme ainsi sa volonté et son sens des responsabilités.
Il importe de guider le jeune enfant en s’assurant qu’il a compris puis de le laisser faire seul peu à peu pour le rendre autonome. Laisser réfléchir l’enfant : pratiquement, ne pas apporter les réponses aux problèmes, mais lui apprendre à se poser les bonnes questions pour avancer dans son raisonnement et y répondre seul. On peut lui poser quelques questions pour provoquer cette réflexion, mais si nous intervenons à la moindre demande, ou difficulté, il ne peut s’habituer à l’effort. Ce n’est pas en lui enlevant les obstacles qu’il apprendra à les franchir. Les obstacles sont toujours source d’apprentissage. Si l’enfant affirme ne pas comprendre, obligeons-le à relire et à réfléchir de nouveau en faisant appel aux directives de la maîtresse ; il arrive que les enfants ne soient pas attentifs en classe parce qu’ils savent qu’à la maison, leurs parents réexpliquent toujours tout, ou pensent pour eux. Il y a une paresse ou un moindre effort qui s’installe alors. Si les parents sont souvent obligés de réexpliquer, il est nécessaire d’alerter la maîtresse.
S’il y a une difficulté particulière, un rendez-vous avec l’institutrice sera le bienvenu. L’enfant doit sentir cette harmonie entre sa famille et l’école à ce sujet. Des conseils mutuels peuvent être échangés.
Surmonter les crises :
Certains soirs, l’étape des devoirs tourne à la crise : la nature volage et capricieuse des enfants prend le dessus. Il faut savoir fermer les livres, passer à autre chose pour y revenir plus tard ou le lendemain.
Dans ces difficultés, il faut savoir passer le relais à un autre adulte. Le simple changement de personne ramène parfois, comme par enchantement, l’ordre et le calme.
Voilà donc des points bien précis à mettre en application. Je sais combien des parents consciencieux ont besoin d’exemples concrets et aiment à être guidés dans leur éducation. Nous verrons en détail, dans le prochain numéro, les manières pratiques de procéder pour vous aider dès la rentrée.
A l’aube des vacances scolaires, permettez-moi de revenir sur le fait qu’il vous faut parvenir à donner le goût du travail à vos enfants. Les devoirs de vacances seront l’occasion de montrer aux enfants votre joie de les aider à mieux comprendre certains points qui sont restés pour eux une énigme, de leur montrer les applications pratiques au quotidien des connaissances acquises. Sachez faire de ce travail exigé un bon moment et que l’enfant n’imagine pas que, pour vous aussi, c’est le pensum obligatoire que l’école aurait bien pu vous éviter…
En attendant je vous souhaite de bonnes vacances, bien reposantes !
Sophie de Lédinghen
[1] Remarquons que le travail est un châtiment dû à la faute de nos premiers parents. Avant le péché originel, Adam et Eve œuvraient mais ne travaillaient pas au sens strict car « le travail » n’avait alors aucun caractère pénible.