Le style Louis XV est aussi appelé rocaille du fait d’une profusion de guirlandes de fleurs et d’un aspect parfois pittoresque. Mais il reste sobre dans son originalité, contrairement aux styles de même époque en Allemagne ou en Italie qui sont très exubérants. Cela lui confère une élégance certaine.
Très influencé par les femmes – hélas les maîtresses de Louis XV-, ce style est aussi révélateur d’une époque où le mode de vie se veut plus intime. C’est ainsi que les maisons auront des pièces plus petites avec des plafonds abaissés, l’intérieur vise à être mieux chauffé et douillet, avec des pièces dédiées aux usages particuliers. C’est notamment l’apparition de la salle à manger vers 1740. Côté décoration les parquets marquetés apparaissent au lieu du dallage de pierre jugé trop froid, et les boiseries sont peintes dans des tons pastel avec des panneaux travaillés de façon gracieuse.
Le souci est au bien-être, et tout est choisi en fonction d’une harmonie.
Cette époque est certainement la plus grande du mobilier français avec des matériaux très variés, des astuces de fabrication uniques, les meubles devenant très maniables, sans cesser d’être élégants. Des familles entières travaillent de pères en fils, transmettant ainsi le savoir-faire.
Les matériaux utilisés pour les meubles sont le chêne et le noyer, le merisier, le frêne, le prunier, l’olivier, le châtaignier. Le hêtre, le tilleul et le noyer sont destinés aux sièges.
Le bâti des très beaux meubles est en chêne, sapin ou peuplier.
Le bois est davantage peint que doré. Les peintures sont en harmonie avec celles des pièces à vivre.
Beaucoup de marqueterie avec des compositions de bouquets, gerbes, branchages ou dessins géométriques. Les marbres utilisés sont très beaux et donnent de belles couleurs au mobilier, sous forme de tablettes épaisses et suivant les courbes du meuble.
La laque venue d’Orient inspire des essais de copie mais malheureusement ne résistera pas au temps.
L’exotisme est présent avec l’influence chinoise ou japonisante. Les bronzes, l’orfèvrerie ou les bois se parent tous de coquilles, de colombes ou de dauphins, de fleurs stylisées en bouquets ou guirlandes. Elles sont partout présentes.
La ligne courbe est systématiquement utilisée assouplissant les formes et les motifs, en forme de S ou de C. Si nous retenons que le style Louis XV reproduit les formes féminines, il est facile de le reconnaître.
Le fauteuil cabriolet apparaît, plus petit, plus maniable et donc facile à être déplacé dans une pièce pour les commodités de la conversation.
La bergère est rendue confortable avec un coussin épais reposant sur le fond du siège ; le fauteuil de paille très répandu, plus simple avec quatre pieds cambrés et des traverses en fuseau, se voit beaucoup en Provence.
Enfin apparaissent des chaises dites voyelles avec un dossier bas surmonté d’un accoudoir sur lesquels les hommes s‘assoient à califourchon pour suivre une partie de cartes, tout comme la bergère ponteuse.
Le canapé est très répandu, de même que les chaises longues dites duchesse (en bateau d’un seul tenant, ou brisées en plusieurs parties séparables).
Il existe une grande diversité de tables : de toilette, de chevet, chiffonnières, à écrire. Elles sont raffinées, de petite taille et comportent souvent des astuces.
De même pour les bureaux : plats, à dos d’âne, à cylindre.
Enfin pour les objets du quotidien comme la vaisselle, les horloges, il n’y a plus rien de carré ou de rond, mais tout est chantourné, mouluré, torsadé.
Le style Louis XVI reviendra à des lignes plus épurées, cette fantaisie baroque, exubérante ayant un peu lassé, mais cela se fera peu à peu par le style « Transition » qui assurera un passage en douceur entre les deux.
Jeanne de Thuringe