Chère Bertille,
Dimanche dernier nous avons reçu un prêtre à la maison, un vieil ami de la famille. Nous avons passé la soirée à discuter, donnant des nouvelles des uns et des autres, posant des questions sur tel aspect de doctrine incompris, ou demandant des éclaircissements ou des précisions sur la conduite à tenir dans telle ou telle circonstance.
Cette excellente soirée passée en compagnie de ce prêtre m’a donné l’idée de te parler du sacerdoce. En effet, si son rôle principal est à l’autel et au confessionnal et nous oublions souvent que son action sur les âmes doit se prolonger bien au-delà.
Le prêtre est un homme à part, choisi par Dieu, « tiré du sein même du peuple pour en faire ses ministres ». C’est par lui que Jésus agit en nous, qu’Il continue son œuvre de Rédemption. Toute la valeur et le prix du sacerdoce sont contenus dans cette investiture du Christ, cette charge conférée à son représentant, son ministre. C’est pour cela que nous lui devons beaucoup de respect. Les fidèles doivent considérer et vénérer consciemment dans leurs prêtres la personne même du Christ… Et Sainte Catherine de Sienne conseillait à ses disciples de considérer uniquement dans les prêtres leur qualité de « dispensateurs du Sang de l’Agneau humble et immaculé, en dépassant les défauts qu’ils pourraient rencontrer en eux. »
Le prêtre tient un rôle important dans la société : sans prêtres, les églises seraient désertes, les écoles laïcisées, les époux privés de la bénédiction divine et les mourants, des ultimes réconforts. Les enfants seraient abandonnés au mal ; toute l’humanité serait replongée dans sa misère, sans avoir quelqu’un pour l’en retirer, l’élever, la conduire à Dieu, L’implorer en son nom et à son profit. Le prêtre nous permet de nous rapprocher du Bon Dieu : « Sans le sacerdoce, nous serions privés de l’Eucharistie ; de l’ineffable consolation de nous entendre dire, au nom de Dieu : « Tes péchés sont remis[1]».
Le prêtre nous accompagne dans toutes les étapes de notre vie ; à notre naissance, il nous accueille aux fonts baptismaux, il nous administre les sacrements, nous initie à la compréhension des réalités divines. Il nous montre la voie du bien, bénit notre idéal, soutient nos pas, nous réconforte à l’heure suprême de l’agonie. Il connaît bien les difficultés de chaque étape de la vie par l’expérience qu’il a acquise, en particulier lors de l’administration du sacrement de pénitence. Par la prière et le conseil il fait un bien immense aux âmes, c’est un travail qui ne se voit pas mais combien important : « Le prêtre travaille souvent dans l’ombre, souvent méconnu, peu apprécié, quelquefois méprisé, aussi précieuse et indispensable que soit pourtant son œuvre d’apôtre[2] ».
N’hésitons pas, ma chère Bertille, non seulement à profiter des grâces obtenues par son ministère principal mais aussi à venir demander conseil au prêtre, à lui confier nos intentions de prières et à lui livrer notre âme pour qu’il la guide vers le Bon Dieu.
A l’approche du Carême, prions pour les prêtres et pour que le Bon Dieu suscite de nouvelles vocations qui font vivre l’Eglise.
Je t’embrasse bien affectueusement en espérant te revoir bientôt,
Anne
[1] Mt. IX, 2
[2] Intimité divine – P.G. de Sainte Marie-Madeleine