Après l’Empire qui prend fin avec la défaite de Waterloo en 1815, la France est saignée à blanc, tant économiquement qu’humainement, ivre d’un rêve sans lendemain.
Les deux frères de Louis XVI, Louis XVIII (Comte de Provence) de 1815 à 1823 et Charles X (Comte d’Artois) de 1823 à 1830 essaieront, sans succès de faire revivre l’Ancien Régime, tant politiquement que pour le décor et la manière de l’ancienne cour.
Il existe quand même une élégance, un raffinement que le style Empire, pompeux rêvant de grandeur (style de parvenu…) avait mis de côté.
C’est pourquoi plutôt que l’acajou, les bois clairs sont utilisés, les meubles ont des dimensions plus réduites et sont finement incrustés ou découpés.
Cependant le style précédent est encore très présent par son influence.
A côté de cela, les esprits sont agités d’idées nouvelles, le romantisme est à la mode avec Lamartine, Victor Hugo, Berlioz et les inspirations littéraires ou musicales cherchées dans le Moyen Age, créeront un style de meubles gothiques où l’on retrouve ogives, dentelures, clochetons et rosaces.
Le mobilier Restauration est confortable, gracieux et maniable. Les bois clairs (frêne verni, orme, platane moiré, hêtre, peuplier, thuya moucheté, racine de buis, oranger, citronnier, acacia, olivier) sont souvent incrustés de bois foncés (acajou, palissandre) et leurs dimensions, plus petites, s’adaptent à des intérieurs plus restreints.
Ces incrustations sont très finement réalisées : lyres, palmettes, cygnes, angelots et rosaces. Elles visent à remplacer les bronzes de l’Empire, souvent accompagnées de moulures qui n’existaient plus. Cela adoucit la surface et l’arête du meuble.
Le lit est toujours destiné à être placé le long du mur, « bateau » il possède deux dossiers souvent d’égale hauteur avec des montants légèrement incurvés vers l’extérieur, terminés en haut par une volute.
Les tables se multiplient rappelant celles de l’Empire mais plus légères et très variées : à l’anglaise avec un plateau rectangulaire complété par deux abattants à chaque extrémité, guéridons toujours très présents et servant parfois de tables de salle à manger.
Les bibliothèques sont élancées et simples, leurs montants sont droits et deux ou trois portes sont vitrées aux deux tiers haut avec le tiers bas en bois. Cartonniers et classeurs viennent compléter ces rangements.
Le bureau ministre est grand, le secrétaire à abattant est souvent recouvert d’un plateau de marbre qui repose sur un tiroir supérieur. De petits tiroirs et compartiments soulignés de filets sont cachés derrière l’abattant.
Pour les sièges, c’est l’apparition vers 1825 des ressorts, dont les premiers spécimens avaient été utilisés sous Louis XVI, technique perdue ou abandonnée du fait de la Révolution.
Ils donnent un confort certain et les ébénistes créent des structures avec des ceintures assez hautes, capables de les supporter.
Ils sont pleins de grâces, maniables et solides. Les bois sont cintrés pour donner plus de douceur aux lignes empruntées aux styles Directoire et Empire. Les pieds arrière « en sabre » donnent la stabilité tandis que les pieds avant sont droits ou en console.
La forme en gondole, qui épouse la forme du dos avec accotoirs galbés, a du succès et dauphins ou cygnes décorent fréquemment les accotoirs.
Les dossiers peuvent être ajourés ou garnis d’étoffes.
Apparition du fauteuil « Voltaire » avec un haut dossier rembourré, que la cambrure à la hauteur des reins rend très confortable. Il est encore très présent dans bien des familles. Sa version en chaise est « la chauffeuse dont le siège est assez bas.
Les chaises suivent le style des fauteuils, étant toujours très appréciés dans nos intérieurs modernes. Les tabourets en X sont toujours présents, certains rappelant les sièges curules sont alors très élégants.
Enfin les méridiennes et canapés adoptent des formes variées : causeuses, dormeuses, baigneuses, sofas : banquette rembourrée garnie des coussins reposant sur un socle en bois.
Le style suivant sera dans la continuité, plus massif, bourgeois, à l’image du roi Louis Philippe, le roi bourgeois.
Jeanne de Thuringe