Nous avons sur nos genoux, l’élite de demain ! Quand la France quittera cette mauvaise passe et retrouvera son rôle initial –et ce temps arrivera, nous n’en doutons pas – c’est la jeunesse d’aujourd’hui ou celle de demain qui devra déployer toutes les vertus nécessaires pour lui faire retrouver son âme.
Que ce rôle revienne à nos enfants, nos petits- enfants ou nos arrières petits-enfants, peu importe puisque nous croyons en la force de la transmission, nous pensons que chaque maillon de la chaîne a son rôle à jouer en tant qu’héritier du passé et constructeur de l’avenir, fidèle à la vocation propre de la France.
Il faut aujourd’hui mener nos enfants jusqu’à l’héroïsme ! N’ayons pas peur de ce mot ! Soit, ils seront des héros, soit ils seront mangés par l’amour de la facilité et le libéralisme ambiant. Nous vivons dans un monde passionnant dans lequel il y a tout à construire et à redresser mais pour cela il faut posséder l’étoffe d’un héros et marcher sans crainte, fier de sa foi et cohérent dans ses actes. L’éducation de la volonté en est un des secrets mais cela fera l’objet d’un autre article.
Nous ne voulons pas rentrer dans un constat froid et déprimant de ce qu’est notre jeunesse actuelle, nous voulons seulement montrer à chacun l’importance de former des femmes et des hommes capables et responsables.
Nous avons tendance aujourd’hui à nous satisfaire en voyant que les nôtres ont encore quelques règles de politesse, vont à la Messe le dimanche et réussissent plus ou moins bien leurs études… Mais est-ce suffisant pour être l’élite destinée à reconstruire sur les ruines morales, politiques, sociales et économiques de notre pays ?
Il ne suffit pas de les mettre à l’abri du mal, de les maintenir dans un univers protégé et que l’on croit sain ; si nous voulons en faire des chefs, il faut leur donner le double vêtement que nous avons décrit dans notre dernier numéro[1] . Nous tenir à l’écart ne suffit pas; nous serions plutôt très vite rattrapés –avec quelques années de retard peut-être – par tout ce contre quoi nous n’avons pas eu la force de lutter… Mais plutôt que d’être dans « l’agir contre » essayons plutôt de nous construire pour pouvoir « agir pour » ! N’hésitons pas à élever leurs cœurs vers les grandes vérités et donnons leur la chance de devenir des hommes !
Pardonnez cette liste qui veut juste vous donner quelques pistes et évoquons aujourd’hui des actions toutes pratiques pour donner à nos enfants « une colonne vertébrale » conséquente, leur faire acquérir un caractère fort, de sorte que les traditions chrétiennes redeviennent des actes posés avec conviction.
Tout d’abord donnez-leur des âmes hautes, généreuses ; non pas d’une sensiblerie poussée à l’excès et entretenue par les musiques actuelles romantiques et sans structure ; non pas non plus par des « musiques » – si elles sont encore dignes de ce nom- revendicatrices qui ne vantent que les droits en oubliant les devoirs de chacun.
Apprenez-leur à respecter le principe d’autorité sans discuter. Nous n’avons pas à justifier toutes nos décisions et il n’est nullement nécessaire de « négocier » avec eux… Cependant il faut prendre soin de ne pas rompre la communication et éviter de fermer des portes définitivement parfois pour des peccadilles. L’art de commander est difficile (nous y reviendrons).
Ne les laissez pas être médiocres ; la bonne volonté ne suffit pas ! Entretenez autour d’eux un climat moral qui leur apprend à distinguer le bien du mal en vérité. Il faut qu’ils connaissent les réalités du monde qui les entourent, qu’ils sachent aider gratuitement ceux qui sont dans le besoin, sans croire pour autant qu’ils « se sont fait avoir » parce que les amis ont gagné, eux, beaucoup d’argent en trouvant un petit travail tranquille… Non le service gratuit est bien plus formateur ! Sans avoir peur de « se faire exploiter », qu’ils sachent donner et se donner sans compter. Ne comblez pas tous leurs désirs ; apprenez-leur à attendre le cadeau dont ils rêvent…
Ne les gâtez pas par l’abondance de nourriture, de mets de choix, de bonbons ; outre que cela soit mauvais pour leur santé, cela aiguise en eux ce sentiment de satisfaction gratuite de leurs instincts qui ne les aidera pas à la maîtrise d’eux-mêmes. Enseignez-leur à gérer leur argent de poche et à ne pas dépenser à tort et à travers.
Apprenez-leur à avoir de grands désirs : Qu’ils ne se contentent pas d’actions médiocres ; qu’ils sachent se détacher de leur « boîte mail », de leur portable, que cet outil ne soit pas leur maître ! Combien aujourd’hui en sont les esclaves ! Plutôt que de leur interdire (il faut reconnaître que s’il est vraiment tout à fait possible et bon de ne pas avoir de téléphone et d’adresse mail jusqu’au Bac, s’en passer est difficile aujourd’hui quand on est étudiant) discutons avec eux ; expliquons-leur les nuisances de cet esclavage et démontrons-leur combien ils seront plus riches en sachant « l’oublier » de temps en temps. Une interdiction stricte et sans explication ne peut entraîner que tricherie et dissimulation ; instituons des règles (cf. FA 5 et 6) et tenons-nous y.
Ne nous déchargeons pas de notre responsabilité d’éducateur sur l’école. Même quand le choix est excellent, notre rôle ne s’arrête pas là. A nous de marcher la main dans la main en accord avec son projet éducatif. Ne faisons pas de « mauvais esprit » avec nos enfants… (nous perdrions alors tout le bénéfice recherché !). Apprenons-leur à faire généreusement les petits sacrifices qui leur sont demandés et faisons-les avec eux. Ne cherchons pas « à compenser »… Ce mot ne devrait pas nous venir à l’esprit. La vie est faite d’efforts, un « oui » entraîne toujours plusieurs renoncements ; étudions-les avant de prendre notre décision et une fois celle-ci prise en connaissance de cause, ne nous retournons plus et adhérons sans critique. Si notre choix est digne de nous, nous devons pouvoir y laisser en toute sécurité notre enfant. Sachons faire abstraction des détails- même s’ils nous agacent- pour le bien de celui-ci. (Naturellement cela ne nous empêche pas d’avoir un œil observateur et de parler au directeur si quelque chose nous surprenait).
Choisissons avec soin leurs lectures, discutons-en avec eux. Ayons des conversations enrichissantes pour leur culture générale (art, musique, etc).
Emmenons-les écouter un beau concert ; visitons avec eux les beaux monuments, faisons-leur aimer les traditions locales des régions visitées. Il y a un temps pour tout ; sans arriver à la saturation qui entraînerait un rejet général, transmettons-leur l’amour de leur pays, la compréhension des beaux objets. Donnons- leur le goût de l’effort physique et intellectuel ; organisons des joutes orales entre cousins ou amis pendant les vacances.
Laissons une place raisonnable au sport ; que cela ne devienne pas un culte irraisonné du corps. Comme pour tout apprenez-leur à donner des priorités. Il y a un ordre à respecter.
Se vautrer dans la médiocrité et la facilité est une habitude si facile aujourd’hui et d’aucun pense acheter sa tranquillité en évitant les conflits. Que l’on se détrompe : les grands soucis commencent alors car l’absence de désir est la source de toutes les lâchetés.
Apprenez-leur à faire la part des choses, à ne pas se laisser abattre par les « informations » écoutées en boucle ou transmises en direct sur le portable qu’ils ont accroché au bout des doigts… Leur équilibre émotionnel en deviendrait trop vite fragile et instable.
Mais pour que tout cela soit réalisable donnez-leur l’exemple ! Comment interdire d’aller sur internet si nous y sommes nous-mêmes toute la journée ? Comment leur montrer l’intérêt des activités familiales si nous-mêmes nous passons plusieurs heures à « jouer » sur notre téléphone ?
Notre jeunesse est notre espoir ! Ne nous décourageons pas et tenons bon ! Ce qu’il faut sauver aujourd’hui c’est l’âme de la France et c’est la chrétienté. Si la tâche peut paraître ardue et ingrate, songeons que le ciel est au bout. Les vraies joies s’achètent toujours au prix de sacrifices. La France a les hommes nécessaires à la reconstruction d’une élite, elle peut reprendre un jour sa mission traditionnelle dans le monde. L’héroïsme et la sainteté en sont les clés. Il y a des grâces spéciales pour ceux qui n’ont pas peur !
Marguerite-Marie
[1] Cf. FA 16 : D’hier à aujourd’hui in « Il fait froid… »