La cohérence

           Ou plutôt, la mise en conformité de notre vie avec nos principes catholiques, la dilution de notre volonté dans celle de Dieu. Se vider de soi pour se remplir de Dieu. « Heureux qui n’a de coeur que pour Dieu et que Dieu dans le coeur« , dit le proverbe.

           Derrière ce voeux pieux, derrière les jolis mots, prenons le temps de nous examiner sérieusement. N’avons-nous de coeur que pour Dieu ? Non, évidemment, nous sommes faibles et n’avons pas assez de toute une vie pour se remplir de Dieu. Mais alors, si une vie ne suffit pas à se remplir de Dieu, nous sommes-nous attelés à la tâche ? Le joug est doux, la moisson abondante.

Nos enfants sont avant tout des âmes que Dieu nous confie pour les sanctifier et les guider vers lui. Voilà la noble tâche du père de famille qui, dans cette dimension, s’apparente à un sacerdoce. Le père est le pasteur de son petit troupeau. Dans le regard de nos enfants, il faut  lire le regard de Dieu, sa volonté de peupler le ciel d’élus, et parmi ces élus, ces enfants-là en particulier. Oublions les mots, les belles idées qui restent trop souvent sur nos tables de nuit enfermées entre les pages de notre dernière lecture spirituelle : nos enfants sont l’incarnation du commandement divin, alors au travail ! Le temps file, les grâces passent, il faut se mettre à l’oeuvre.

Nous savons que sans la pénitence, le ciel est inacessible. Mortifions-nous notre corps et notre esprit ? Savons-nous expier nos fautes par de vraies privations, de vrais sacrifices ? Prenons-nous des résolutions qui vont s’attaquer à nos vrais défauts, ceux qui font mal ? Apprenons-nous à nos enfants à se grandir par la pénitence ?

Nous savons que le bruit étouffe la voix de Dieu. Avons-nous dans notre vie des moments de silence ? Savons-nous éteindre notre téléphone ? Savons-nous ouvrir un livre plutôt qu’allumer la télévision ? Aurons-nous même le courage de l’éteindre pour toujours ? Apprenons-nous à nos enfants à contempler ? D’abord la nature, la création, puis les oeuvres d’art, pour ensuite mieux les émerveiller de la beauté de Dieu à travers la méditation ?

Nous savons que Dieu aime les petits, les pauvres et les miséreux. Allons-nous frapper à la porte de nos voisins ? Donnons-nous l’aumône ? Parlons-nous de Dieu autour de nous à tous ceux que Dieu met sur notre route ? Apprenons-nous à nos enfants à faire charité, à prier pour les pauvres pécheurs ?

Nous savons que l’autorité est la forme la plus pure de la charité du père de famille envers les siens. Savons-nous reprendre nos enfants quand il le faut ? Savons-nous dire les choses qui doivent être dites, punir ce qui doit être puni dans faiblir ? Ou fermons-nous les yeux sur des choses par manque de force ?

Nous savons que Jésus rougira devant son père de ceux qui ont rougi de lui devant les hommes. Rougissons-nous de Jésus ? Ou savons-nous garder un discours cohérent avec notre conscience et nos principes en toutes circonstances ? Ou faisons-nous partie de ceux qui se disent « ouverts », « gentils », « sensibles » ? Combien d’hommes font des compromis car lassés de passer pour méchant, intégriste, fermé ?

Si nous nous examinons, nous voyons que bien souvent, nous en restons aux mots, aux belles idées, et que dès le premier obstacle, notre volonté s’effrite. Cela car dans le fond, nous manquons de courage. Oui, c’est la vertu qui a disparu de notre siècle. Le courage est mort. La mièvrerie l’a affaibli, le confort l’a amoindri, et le narcissisme, le respect humain, la folie individualiste de notre société décomposée l’a tué. Il n’y a presque plus d’hommes en France, car il n’y a plus de courage.

Il fallait du courage pour suivre Jehanne d’Arc, il fallait du courage pour sortir des tranchées en 1914, il fallait du courage pour suivre Monseigneur Lefebvre, il faut du courage pour suivre le Christ. Alors messieurs, soyons courageux !

Louis d’Henriques