Chers grands-parents,
« Faites ce que je dis, pas ce que je fais » ainsi caricature-t-on les mauvais éducateurs qui n’ayant pas d’idéal affirmé, sont incapables de mettre en cohérence leurs convictions et leur vie.
Nous ne sommes certainement pas tous de bons pédagogues, cependant, nous, parents, grands-parents, avons reçu du créateur la noble fonction d’éducateurs, c’est-à-dire de conduire nos ménages et nos enfants sur la voie du ciel. Pour cela, l’essentiel est d’accorder nos vies, à ce que nous croyons. Par cela, moyennant une pédagogie réfléchie, nous transmettrons à nos petits ce que nous sommes.
Pour cela, nous devons avoir un élément structurant pour tout ce que nous sommes et transmettrons, un idéal.
« Un Idéal, c’est une affirmation, c’est un acte de foi, c’est une position en face de la vie. C’est un point de départ et un point d’arrivée. Un Idéal, mais c’est, à chaque instant une vue panoramique et grandiose de la vie qui peut se résumer parfois et se symboliser pour chacun par un geste ou un mot »1.
L’homme ou la femme d’idéal n’aura aucun mal à être, c’est-à-dire à mettre tous ses actes en cohérence avec sa pensée. Pour le catholique, cela consistera à destiner tous les moyens à l’accomplissement de notre idéal suprême, – être des saints – On est bien loin du monde actuel que décrivait déjà si bien Aldous Huxley en 1932 dans « le meilleur des mondes » et que nous citions déjà dans un article précédent.
« En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté »2.
Certes, l’intelligence que Dieu nous a donnée doit nous permettre d’adapter les moyens. Dans notre monde ultra connecté, si les objectifs de l’éducation restent les mêmes qu’autrefois, on ne communique plus comme on le faisait il y a 50 ans ! Certes ! Mais l’objectif doit être le même et doit être ce qui structure notre agir…
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le monde matérialiste, dans lequel nous vivons n’est pas sans cohérence ! Il est ordonné au matérialisme et par là même il est anti-Christ. On est parfois surpris de voir à quel point toutes les évolutions dites « sociétales » mode, morale, institutions évoluent au niveau mondial de manière cohérente vers un éloignement de la morale chrétienne, un refus de la soumission à la loi du Christ. C’est pourtant clair ! Un idéal matérialiste produira forcément un refus du sacrifice, une évolution sans limites vers l’esprit de jouissance, un refus de tout interdit et par là même à une évolution diamétralement opposée à la société chrétienne.
Cultivons donc l’inverse dans nos familles. Conscients de ce qu’est notre société, de l’obligation que nous avons de vivre en son sein, cultivons les vertus qui nous permettent de rester fidèles à notre idéal chrétien. Vivons dans le monde mais ne composons pas avec lui ! « Il est malaisé de composer avec le monde sans se laisser décomposer par le monde » disait Gustave Thibon.
Autant l’« idéal » matérialiste entraîne de facto aux défauts signalés plus haut, autant l’idéal chrétien entraînera dans nos familles les vertus contraires, prière, dévouement, décence, travail, acceptation des épreuves, fidélité à l’héritage familial se structureront autour de la volonté de tous de mener la meilleure vie chrétienne possible, le désir de sainteté.
Le rôle des grands-parents est là essentiel. Avec le recul qui caractérise leur position, ils devront aider leurs ménages à garder le cap. Autant on pourra être indulgent sur des erreurs ou de petites dérives, autant il sera essentiel de corriger de manière adaptée tout ce qui nuirait à la pratique de la vie chrétienne de la famille. Ce qui est secondaire est secondaire mais ce qui est important doit être considéré avec sérieux même si cela doit occasionner des frictions ! « Oui, tous ceux qui veulent vivre dans le Christ avec piété seront persécutés » dit Saint Paul à Timothée. Etonnons-nous si nous ne rencontrons pas un minimum d’opposition externe voire interne dans la mise en cohérence de notre vie familiale avec notre foi !
Prions saint Joachin et sainte Anne, patrons des grands-parents de nous éclairer dans notre rôle délicat et plein de renoncements qui peut avoir une telle importance pour nos petits. Bon courage à tous !
Des grands-parents
1 Texte d’un chasseur du 1er bataillon de choc, Alsace, novembre 1944.
2 Le meilleur des mondes 1932