Règles d’or

           Un samedi, Bernard prend le temps de discuter avec ses deux grands adolescents :

– Carole, tu devrais faire attention à tes tenues de moins en moins correctes ! Ta mère et moi ne vous avons jamais donné ce genre d’habitudes vestimentaires…

– M’enfin, papa, vous n’avez pas fini de me surveiller. Vous êtes excessif ! Il ne faut pas être coincé.  Je ne suis plus à l’école chez les mères !

– Je ne vois pas le rapport….

– Oh, maman et vous, vous nous avez toujours dit que tout cela était exagéré et qu’on ferait ce qu’on voudrait plus tard…

En effet, quelques années plus tôt, Bernard ou son épouse donnaient systématiquement raison à Carole qui se plaignait souvent du règlement de l’école des religieuses concernant les tenues vestimentaires.

– Quant à toi, Marc, tu arrives à un âge où ce serait bien que tu parles régulièrement avec un prêtre qui t’aidera à progresser et répondra à tes questions. Tu as passé ton bac et n’as plus le soutien d’une bonne école catholique.

– Vous me faites bien rire… lequel ?

– Bien, celui avec lequel tu penses pouvoir discuter le mieux, en confiance.

– Y’en a pas un pour racheter l’autre ! D’ailleurs c’est vous qui le dîtes, chaque dimanche après la messe : leurs sermons sont rasoirs, hors sol… leurs conseils inapplicables, ils ne sont pas dans la vraie vie comme nous…. Pas vrai ?

– …. (Silence éloquent)

 

Bernard et son épouse vont maintenant regretter amèrement leurs comportements et paroles des années passées, incohérents avec les objectifs de leur éducation qu’ils voulaient catholique.

Règles d’or:

 La cohérence dans l’éducation donc entre la famille, l’école, l’église.

Les parents doivent soutenir toute autorité à laquelle les enfants ont affaire, sinon c’est leur propre autorité qui sera mise en cause. Plus tard, l’enfant devenu adulte risque de graves déconvenues par son incapacité à accepter les directives de son patron au travail, ou celles de l’Eglise Catholique….

 Ne jamais critiquer les abbés, professeurs, grand-parents, parrains ou marraines…devant les enfants ! Si un problème existe, ce qui arrive, en parler en ménage puis en privé avec l’autorité concernée. Il s’agira d’aborder le sujet avec bienveillance, dans le but de se comprendre et de s’ajuster à la psychologie de l’enfant, pour son progrès.

 Mais maman, papa m’a permis…

Papa bricole au sous-sol, maman est dans la cuisine…les jeunes enfants cherchant un privilège exceptionnel trouvent la faille- le manque de cohérence- entre les deux parents pour l’obtenir : des gâteaux en plus, l’autorisation de sortir un jeu, de regarder un film, de partir chez un ami voisin….une autorité désunie ou un manque de coordination vont aboutir à une éducation laxiste qui va créer des enfants-rois, capricieux ou faibles, une perte de repère des enfants, et parfois des querelles entre époux. Il faut s’entendre en ménage avant la demande d’un enfant, sur des règles communes, et prendre le temps de vérifier en cas de doute. Maman appelle papa qui monte cinq minutes dans la cuisine, ou maman descend au sous-sol si elle sait son mari occupé à un travail qu’il ne peut interrompre…

Une fois les règles établies ou les réponses données, la persévérance dans la durée est vitale : ne pas contredire un ordre précédent, ne pas dire oui un jour et non le lendemain même lorsqu’on est fatigué.

« L’inconstance dans l’autorité fait sa faiblesse » (Fr. Charmot)

« Si l’enfant s’aperçoit que l’éducateur ne fait que substituer ses propres caprices aux siens, il n’aura nulle confiance en cette autorité » (Ph. Ponsard)

Une stratégie d’éducation

 

           Dès les fiançailles, au début du mariage et régulièrement ensuite, les parents partageront leurs observations pour mettre en œuvre de manière cohérente l’éducation catholique de leurs enfants, et le progrès de leur propre union matrimoniale.

Travaillons la cohérence des moyens utilisés : école, paroisse, groupe scout, réseau d’amis, règles familiales… avec l’objectif de faire de nos enfants des personnes équilibrées, aimables, droites, donnant le meilleur d’elles-mêmes et visant à la sainteté par une vie chrétienne profonde.

Il sera nécessaire de se resynchroniser, par des temps de discussion au calme le week-end, le soir, en balade ou au restaurant sans les enfants, et régulièrement par une retraite.

Les tentations du libéralisme, le confort du matérialisme, les mirages de l’idéalisme théorique nous guettent tous. A deux, avec le conseil de bons amis et de bons prêtres, nous saurons détecter les inévitables imperfections de notre éducation et nous ajuster.

La cohérence, reflet de l’unité de Dieu

 Dieu Trinité est l’Unité même, sans aucune imperfection ni inconstance. Il nous appelle à Lui ressembler, et Le rejoindre au Ciel dans une union parfaite avec Lui. Cette union commence sur la terre et se développe par notre vie spirituelle et les sacrements.

L’exemplarité des parents dans leur vie spirituelle personnelle et en ménage sera donc une source de la cohérence dans leur éducation et dans toute leur vie. Elle sera aussi pour leurs enfants, une preuve de l’importance de la vie spirituelle. Pratiquez vous-mêmes ce que vous prêchez, si vous voulez être écoutés et imités ! Quel impact lorsque l’enfant voit son père à genoux chaque jour pour prier avant de partir travailler !

L’affection mutuelle entre époux, par des attentions réciproques et la paix du ménage seront également un exemple puissant de la vérité de l’amour terrestre reflet de l’Amour éternel de Dieu.

« Ce ne sont pas nos conseils que les enfants emporteront dans la vie, mais nos exemples » (J. Cappe).

Hervé Lepère