Doux mots. L’âme est notre bien le plus précieux, c’est elle qui nous fait à l’image de Dieu. Notre bien le plus précieux. Noblesse ! Quel mot ! On imagine un chevalier au cœur pur, un ermite immolé à sa prière, un ascète donnant tout à son Créateur. On voit des martyrs, on voit des saints, des rois, des hommes et des femmes forts. On a peut-être aussi le souvenir d’un grand-père, pieux et dévoué, disant son chapelet sur le carrelage du salon, droit comme un i, malgré les douleurs de l’âge. Ou une grand-mère, patiente, attentionnée, toute donnée au bonheur des siens. On a la souvenance d’un prêtre abandonné, d’une religieuse aimante. Quelque chose en eux nous fascine … Ils ont un regard pur, un sourire lumineux. Une force invisible émane d’eux. Ils rayonnent. Ils illuminent nos vies.
Si on regarde plus avant, on voit que ce qui fait la noblesse de ces gens, ce ne sont pas des titres mondains, ce n’est pas une beauté physique, une livrée de soie ou une couronne d’or. Non. Ce qui fait la noblesse de ces gens, c’est leur âme. Cette âme qui transparaît à travers un regard, un geste doux, un sourire lumineux de charité, un effacement de soi, un oubli de soi.
Et si on regarde plus loin encore, l’on constate que ce qui attire chez les gens à l’âme noble, c’est la ressemblance avec le Christ. Une âme noble, c’est une âme pleine de Dieu. Oh, certes, la faiblesse humaine est toujours là, avec ses défauts. Mais par-dessus, transcendant la faiblesse, brille la noblesse.
Plus que le talent, c’est le courage qui rend noble.
Plus que le beau parler, c’est le silence qui rend noble.
Plus que le titre claquant, c’est l’effacement qui rend noble.
Plus que le privilège, c’est le devoir accompli chaque jour qui rend noble, la persévérance.
La noblesse d’âme dépasse l’individu, car elle vient de Dieu et retourne à Dieu. C’est la gloire de Dieu qui resplendit. Dieu nous aime pour sa gloire, rien d’autre. Comme le chevalier servant son roi, le cœur noble sert Dieu. Il lui fait hommage de sa personne. Comme le féodal recevant de son suzerain ses droits, le cœur noble sert Dieu.
Pour mieux comprendre cela, considérons Notre-Seigneur. Oui, il est Seigneur, nous sommes ses serviteurs. Car Lui-même s’est fait serviteur. Jésus est né de la lignée de David. Le sang royal coule dans ses veines. Mais quand il naquit, l’usurpateur Hérode occupait le trône. Joseph est de sang royal légitime, pas Hérode. Jésus est de sang royal, pas Hérode. Mais Joseph est charpentier, et Jésus son apprenti. Joseph est pauvre, et Jésus bénira les pauvres. Il le dira, le revendiquera : « Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête (Mt 8, 19-22) ». Et pourtant, Jésus est roi, un roi régnant sur sa maison, un roi se faisant servir par les anges. « Tu le dis, je suis roi ». Mais Jésus est un roi berger, un roi semeur … un roi paysan. Un roi pauvre, un paysan noble. Quel exemple !
La noblesse d’âme, c’est l’oubli de soi pour laisser le roi du Ciel régner dans nos cœurs, semer dans nos âmes, nous mener vers les verts pâturages. La noblesse d’âme, c’est la ressemblance à Jésus: la patience, la douceur, la pauvreté, la prière, la pénitence, le courage, l’obéissance, l’abnégation, le silence, la contemplation, l’amour. Comme tout cela est beau ! Jésus, roi paysan, Jésus, roi pauvre. Alors soyons comme des rois car Dieu nous habite, nous qui sommes ses enfants, des bénis de Dieu car Dieu nous donne son héritage. Soyons aussi des pauvres, des ermites, des oublieux de nous-mêmes, comme le berger dans la montagne. La grandeur du roi, la simplicité du paysan. La grandeur de Dieu resplendissant au travers de notre faiblesse toute abandonnée dans les bras de Dieu.
C’est cela la noblesse d’âme, c’est cet exemple que nous donne la Sainte Vierge, elle qui fut si simple, et qui aujourd’hui est si reine !
Louis d’Henriques