Restaurer une maison ancienne

           Après l’histoire des styles à travers les âges, qui je l’espère, vous aura donné l’amour du savoir-faire français et mieux permis de comprendre l’adéquation entre le style et son époque, nous allons nous intéresser au bâti et aux différents aspects qui le composent.

           Avant de songer à acquérir une maison ancienne, qui presque toujours nécessite des travaux – il est rare d’en trouver une totalement restaurée avec goût – la question est de savoir si vous avez les moyens financiers et humains d’entreprendre sa restauration. Même remarque pour la reprise de la maison familiale dans le cadre d’une succession.

  En effet, il y a toujours des surprises, et il est très vite fait de voir son budget exploser. En outre cela nécessite temps (plusieurs mois ou plutôt années), poussière et inconfort parfois. Le fait d’être adroit de ses mains est un gros atout mais il faut connaître ses limites et ne pas « avoir les yeux plus gros que le ventre ».

  Il existe hélas plusieurs exemples d’acheteurs rêvant de faire revivre un vieux château, une grosse ferme et qui y ont laissé leur équilibre familial avec des dégâts humains irréversibles.

Quand ce n’est pas une revente précipitée, les quelques économies englouties…

  Cela étant précisé, il s’agit ensuite de faire la différence entre rénovation et restauration.

  Dans le cas de la rénovation, il s’agit de créer du neuf avec du vieux, en utilisant souvent les matériaux modernes sans grand discernement par méconnaissance du bâti ancien, gommant la spécificité de l’ancien et engendrant des désordres à venir…

  Dans celui de la restauration, il s’agit de remettre le bâtiment dans son aspect original, – ou du moins faire en sorte que rien ne se voit pour avoir le sentiment que cela a toujours été ainsi – et de respecter les matériaux anciens les laissant vivre comme ils l’ont toujours fait depuis des siècles pour parvenir jusqu’à nous. Cela n’empêche pas d’y mettre le confort moderne, ni la fonctionnalité conforme au mode de vie actuel.

  Il existe une harmonie, une osmose entre le terroir et son bâti. De ce fait, reprendre une maison ancienne, implique d’avoir des notions claires afin d’éviter des erreurs lourdes de conséquences. Nous verrons cela au fur et à mesure de nos articles, en tâchant de vous expliquer les raisons techniques et de vous aider à vous poser les questions importantes.

  Tout d’abord, il est essentiel d’observer la région, son climat, son sol, l’aspect des constructions anciennes qui la peuplent, afin de pouvoir œuvrer dans le respect de la maison que vous avez.

  Nos anciens connaissaient parfaitement leur terroir et les conditions qui le régissaient. S’ils n’ont pas laissé beaucoup d’écrits, ils ont laissé un écrit vivant que sont ces constructions où chaque détail a son importance et la première chose à faire est donc de ne pas se précipiter.

  Il faut vivre dans sa maison, en y laissant passer au moins les quatre saisons, donc une année avant d’envisager tel ou tel travail (sauf bien sûr urgence). Cela permet de s’habituer aux lieux, à la circulation entre les pièces, de prendre « ses marques » et de juger de la luminosité qui est la sienne selon les mois. Temps d’attente et d’observation qui permet de se faire l’œil, tant chez soi, qu’en se promenant pour voir des édifices semblables, plus modestes ou plus importants mais dont l’harmonie est évidente. Il s’agit d’apprendre à lire sa maison comme on lit un tableau, et pour cela il faut du temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est important de se rapprocher d’associations de préservation du patrimoine, de visiter sa région afin de ne pas faire d’erreurs, et de se constituer un réseau d’artisans passionnés, compétents… et abordables. Un bon artisan vous en indiquera toujours d’autres de même valeur que lui, qu’il aura pu croiser sur les chantiers ou avec lesquels il travaille tout simplement.

  Si les Vieilles Maisons Françaises (VMF), vmfpatrimoine.org, ont vocation à accompagner les propriétaires dans leur restauration par des aides financières, conseils patrimoniaux et à défendre le patrimoine auprès des pouvoirs publics, les Maisons Paysannes maisons-paysannes.org axent davantage sur l’apprentissage des savoir-faire anciens régionaux par des stages réguliers. Chacune de ses associations possède une délégation départementale auprès de laquelle se rapprocher, et qui pourra vous indiquer des artisans dont la compétence a été prouvée.

  Il existe aussi dans chaque département un architecte du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE), pour accompagner gratuitement les particuliers dans leurs démarches de restauration.

La Fondation du Patrimoine de votre département, fondation-patrimoine.org, peut vous obtenir aide financière ou réduction fiscale pour les travaux extérieurs respectant le bâti propre à la région. Le but est de préserver l’unité architecturale locale.

Nous verrons la prochaine fois, la structure du bâti en lien avec les matériaux propres à sa région et les techniques de construction.

Jeanne de Thuringe