Prions!

           « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Saint Jean 4,22). Au-delà de l’obligation de la messe dominicale, de nombreuses pratiques de prières sont recommandables pour les pères de famille (chapelet, prière en famille, messe…), mais leur accumulation n’est pas un critère de sainteté. Selon les circonstances, en faisant attention à l’harmonie avec son conjoint, chacun prendra conseil d’un bon prêtre pour choisir ses dévotions régulières. Cet article attire l’attention seulement sur le début et la fin de la journée du père de famille, et sur son attitude face aux difficultés.

 L’énergie pour commencer sa journée

   Il est 6h45, les enfants réveillés un peu avant l’heure du lever chuchotent :

– « C’est allumé dans le salon depuis un moment… tu crois que c’est normal ? »

– « Mais oui, tu sais bien que c’est papa qui fait sa prière avant de partir travailler ! Il fait même une méditation. »

  « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, tout le reste vous sera donné par surcroît ! » Jean-Pierre, le père de cette famille, a médité cette phrase lorsqu’il était étudiant et la met en pratique avec succès ! Il a compris que la prière était la sève d’une vie d’homme catholique et la condition de son bonheur dès ici-bas sur terre et bien sûr ensuite au ciel.

Lors d’un camp de jeunes, il a été frappé par un de ses camarades qui pratiquait 15 minutes d’oraison quotidienne au lever. Ce qu’on conseille en retraite est donc possible ! Depuis ce moment-là, il donne donc 15 minutes de son temps au Bon Dieu chaque matin.

Il a connu des difficultés professionnelles, des soucis pour l’éducation des enfants, le découragement… Il trouve que sa prière est souvent pauvre, sèche ou distraite par ses préoccupations… Peu importe : il donne 15 minutes de son temps à Dieu, son Créateur, son Sauveur, son Père. Il aime cette phrase de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Ce qui attire le plus de grâces du Bon Dieu, c’est la reconnaissance, car si nous le remercions d’un bienfait, il est touché et s’empresse de nous en faire dix autres… J’en ai fait l’expérience, essayez et vous verrez. »

Il donne du temps à Dieu, comme il donne du temps à son épouse, sans se préoccuper de savoir ce qu’il va en retirer pour lui-même, simplement par amour. Parfois, c’est une conversation, parfois une écoute, ou une présence en silence…

Plus tard, ses enfants devenus adultes se souviendront d’avoir vu leur père à genoux devant Dieu, malgré toutes ses occupations… ou plutôt à cause d’elles. Belle leçon qu’ils n’oublieront pas.

Si vous n’avez pas ce temps ou ce courage, faites au moins une vraie prière du matin à genoux devant la statue du Sacré-Cœur ou au « coin prière » de la maison ! Ces 2 ou 3 minutes consacrées au Bon Dieu vous seront rendues au centuple !

Face au rythme de l’activité professionnelle moderne, les spécialistes en management et les psychologues prônent ouvertement la méditation (bouddhiste, yoga, pleine conscience). Nous avons beaucoup mieux : la méditation catholique qui, au-delà de nous dépouiller des perturbations extérieures, est la seule à nous remplir de la joie et de la grâce de Dieu !

Lorsque vous êtes deux ou trois….

   Le soir, Jean-Pierre prie avec son épouse : à deux, renforçant ainsi l’unité des cœurs et des âmes sanctifiées par leur mariage. Ce moment clôture saintement leur journée en ravivant les grâces du sacrement, même lorsqu’ils ont dit la prière en famille avec les enfants. Si besoin, il est aussi l’occasion de pardon mutuel ou de remerciements particuliers.

 Et dans les difficultés ?

   Le père de famille, comme tout responsable, a nécessairement ses moments de doutes, de fatigue et ses difficultés. Ils sont le signe qu’il prend sa mission à cœur, et sont l’occasion de progrès dans la grâce de Dieu.

Le chef, l’homme peut-être plus que d’autres doit alors reconnaître sa faiblesse et montrer sa Foi, son Espérance et son amour de Dieu en se confiant à sa Providence, par les mains de sa sainte mère, Notre-Dame.

Qui dira les grâces et les consolations reçues par la prière humble et persévérante ? Marie est notre mère, elle attend nos prières et ceux qui ont recours à elle ne seront jamais déçus !

N’hésitons pas à prendre la suite de Péguy, père de famille éprouvé à une époque de sa vie, et dont la prière sous ses apparences désordonnées n’en était pas moins exemplaire :

« Il avait dit, par la prière, il avait dit : Je n’en peux plus. Je n’y comprends plus rien. J’en ai par-dessus la tête. Je ne veux plus rien savoir. Ça ne me regarde pas1. »

« Prenez-les. Je vous les donne. Faites-en ce que vous voudrez. J’en ai assez.

Celle qui a été la mère de Jésus-Christ peut bien être aussi la mère de ces deux petits garçons et de cette petite fille.

Qui sont les frères de Jésus-Christ. Et pour qui Jésus-Christ est venu au monde.

Qu’est-ce que ça vous fait. Vous en avez tellement d’autres.

Qu’est-ce que ça vous fait, un de plus un de moins.

Vous avez eu le petit Jésus. Vous en avez eu tant d’autres.

(…) Il faut que les hommes en aient un aplomb, de parler ainsi. A la Sainte Vierge.

Les larmes au bord des paupières, les mots au bord des lèvres il parlait ainsi, par la prière il parlait ainsi. (…)

Comme il s’applaudissait d’avoir eu le courage de faire ce coup-là. Tout le monde n’aurait pas osé.

Il était heureux, il s’en félicitait en riant et en tremblant. Il n’en avait pas parlé à sa femme. Il n’avait pas osé. (…)

Depuis ce temps-là tout marchait bien. Naturellement. Comment voulez-vous que ça marche autrement. Que bien. Puisque c’était la Sainte Vierge qui s’en mêlait. Qui s’en était chargée.

Elle sait mieux que nous. (…)

Il est même curieux que les chrétiens n’en fassent pas autant. C’est si simple. On ne pense jamais à ce qui est simple2. »

 

  Il n’est pas de difficulté personnelle, familiale, professionnelle, sociale qui ne puisse être résolue par Marie. Les moyens sont multiples : chapelet, prière personnelle, messe en semaine, pèlerinage, neuvaine… Comme l’a répété Notre Dame à Pontmain, il y a 150 ans, « mais priez, mes enfants, mon Fils se laisse toucher !».

Dans les joies, comme dans les soucis, soyons proches de notre mère du ciel !

 

Hervé Lepère

 

1 Il faut que France, il faut que chrétienté continue

2 Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu