Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit », et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

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  Que c’est difficile de pardonner, quand on a le cœur blessé ! Qu’est-ce que ce petit mot, pardon, face à l’affront que je viens de subir, ou à la perte de cet objet auquel je tenais tant ! « Pardon », c’est vite dit, vite oublié par celui qui le prononce, et moi je reste avec ma souffrance… Apprenez-moi, ô mon Dieu, à pardonner comme vous entièrement, de tout mon cœur, et à ne pas garder rancune du tort que l’on m’a fait. Pourrais-je rattraper tout le mal que je vous ai fait, toutes les larmes que j’ai fait couler sur les joues de votre mère, ô mon bon Jésus ? Est-ce que je réalise au moins la gravité de la moindre de mes fautes ? Et je voudrais si souvent, par des paroles blessantes et un visage dur, faire sentir à mon prochain combien son geste m’a offensé, alors que je me pardonne bien facilement à moi-même tant de mensonges et de péchés d’orgueil…

Combien de fois dois-je pardonner à mon prochain ? Sept fois, demande saint Pierre ? non, soixante-dix fois sept fois, répond Notre-Seigneur ! C’est-à dire, autant de fois que d’offenses. Si je veux être pardonné de vous, ô mon Père du Ciel, il faut que je fasse de même avec celui qui m’a fait du tort, et que je lui remette sa dette comme je voudrais que vous me remettiez la mienne. Que suis-je face à vous ? Et pour qui êtes-vous mort sur la croix ? Pour moi, certainement, mais aussi pour mon prochain, celui-là même qui vient de m’irriter. Et peut-être vous soulagerais-je dans votre Passion, si je n’ajoute pas au péché, ou tout simplement à la maladresse d’autrui, la rancune et le refus de pardonner.

Le Bon Dieu, père d’une infinie miséricorde, ne me réclame pas un regret profond de mes péchés, avec de nombreuses larmes et un cœur déchiré. Il demande cependant que je veuille regretter. Quelle est la différence ? Quand j’ai mangé la moitié de la tablette de chocolat au goûter, hier, et qu’il n’y en avait plus assez pour ma petite sœur, j’ai fait un péché de gourmandise et d’égoïsme. J’ai demandé pardon, mais dans mon cœur j’avais du mal à regretter ce bon chocolat… en plus, Maman l’avait acheté avec des noisettes dedans ! Pourtant je voulais regretter, car je voyais bien que j’avais mal agi, mais mon cœur ne suivait pas cette volonté. C’est de cela qu’il s’agit. Je veux regretter, car j’ai fait de la peine au Bon Dieu, et à d’autres aussi, et je ne veux pas recommencer. Mon cœur voudrait bien, mais ma tête aime le Bon Dieu et ne veut plus le blesser. Alors le Bon Dieu me pardonne tout de même, et je vais travailler mon cœur pour qu’il suive ma tête, afin que la prochaine fois, si j’ai le malheur de recommencer, mon regret soit plus profond.

Avec mon prochain, il en est de même. Quand il me demande pardon, il a parfois du mal à regretter du fond du cœur, et je le sens bien, mais il essaye au moins avec sa volonté de le faire, et cela suffit. Comme le Bon Dieu lui pardonne, moi aussi. Et sans condition.

Quand cela devient difficile, je regarde Notre-Dame au pied de la Croix, qui accepte de devenir ma maman, à moi qui crucifie son Fils bien-aimé. Comme elle pourrait me haïr, pour tout le mal que j’ai fait, et que je continue de faire à Notre-Seigneur ! Non, elle laisse passer à travers elle, jusqu’à moi, cette grâce du Dieu qui n’est qu’amour : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Dieu veut me pardonner, et sa tendre mère à son exemple fait de même, et me montre jusqu’où va le pardon. Elle intercède pour moi, pauvre pécheur, et me prend sous sa protection.

O ma douce Maman du Ciel, aidez-moi à pardonner du fond du cœur, car je serai pardonné à la mesure de ce que j’aurai remis aux autres leurs dettes envers moi. Aidez-moi à aller plus loin encore, à votre exemple, et à aimer ceux qui me font du tort, pour atteindre la béatitude du Ciel, que Jésus a promise à ceux qui l’aiment, et qui aiment leur prochain par amour pour Lui.

Germaine Thionville