Grandir et mourir

           L’âge de la majorité et des responsabilités d’adulte a beaucoup varié selon les siècles, tant il est vrai qu’il était déterminé par les fluctuations de l’espérance de vie, selon les générations.

           Même s’il est difficile d’avoir des données précises sur la démographie au Moyen-Age, par exemple, on sait qu’au XIIIème siècle encore, un enfant sur trois meurt avant l’âge de 5 ans. En 1100, l’espérance de vie est de 20 ans seulement, alors qu’elle atteint 35 ans et plus au XIIIème siècle !

  La vie était courte, et ne pouvait donc être gâchée. Tous les instants comptaient : au Moyen-Age,  « l’omniprésence de la mort est indéniable. La question du salut demeure un fait urgent et permanent », comme l’écrit Patrick Sbalchiero1. Il fallait apprendre à grandir très vite, prendre sa part de travail dès le plus jeune âge pour faire vivre sa famille, se montrer un homme avant l’âge de 10 ans, guerroyer dès qu’on le pouvait. Nécessité faisait loi.

  Mais aussi était-on aidé par la grande spiritualité qui entourait la vie quotidienne : beaucoup de vocations, beaucoup d’églises ; avant 1328, il y avait au moins une église ou chapelle pour 200 habitants, ce qui veut dire au moins autant de desservants !

  Apprendre à grandir était surtout, apprendre à bien mourir, en ayant accompli la vocation pour laquelle nous étions faits.

  Nous ne sommes plus tout à fait dans les mêmes conditions, la vie est beaucoup plus facile pour nos jeunes, et c’est peut-être pourquoi, ils ont tant de mal à « grandir »… Mais le but à atteindre est toujours le même !

 

1 in Des hommes pour l’éternité – Artège – 2020