L’amour est exigeant

En se mariant, les époux catholiques cherchent dans la vie matrimoniale une nouvelle dimension qui perfectionne leur vie. Lorsqu’ils se donnent vraiment l’un à l’autre par le mariage, corps et âmes, ils s’enrichissent mutuellement des vertus de chacun. Au début, tout est simple ; c’est avec le temps que viennent peu à peu les petits désaccords, les douleurs, les épreuves de toute vie qui risquent de diviser si l’on n’y prend garde.

L’amour authentique exige une démarche de dépassement continuel, d’où sa grandeur. Si on lutte pour l’augmenter, s’il est sans cesse renouvelé avec courage, cet amour sera protégé. Les épreuves et difficultés ne représenteront alors aucun danger pour l’amour des époux, au contraire, elles le consolideront et le confirmeront. Le sacrifice partagé les unira profondément.

Aimer et être aimé

L’homme et la femme trouvent leur épanouissement dans le fait d’aimer et d’être aimés. Il en est de même pour leurs enfants, fruits de cette union, qui auront besoin d’affection, de joie et d’enthousiasme, dans le foyer où ils grandiront. Vis-à-vis des enfants aussi, les parents ont le devoir de s’aimer mutuellement, de rester unis, dans un souci quotidien de perfection.

Ainsi les époux comprennent que la sainteté ne consiste pas seulement à accomplir des actes de piété, mais à faire preuve d’indulgence, de patience, de pardon, d’oubli de soi-même pour l’autre, laissant l’amour de Dieu guider leur vie entière.

L’amour est exigeant

Comme le dit saint Paul, l’amour est patient, rend service et supporte tout. Seul celui qui sait être exigeant pour lui-même, au nom de l’amour, peut demander de l’amour en retour. C’est dans cet amour exigeant que se trouve le fondement, la solidité de la famille : il supporte tout, il n’est pas hautain ni envieux, il croit tout, il espère tout, il endure tout. Dans un tel amour agit la grâce du Christ Rédempteur et Sauveur du monde.

La conception chrétienne du mariage suppose une harmonisation de l’union physique et affective avec l’union spirituelle et surnaturelle. S’il n’y a pas une union de ces quatre aspects, le mariage perdra sa stabilité.

Le perfectionnement de cet amour conjugal durera des années… Il est sans fin. Mais ce seront des années heureuses si l’on fait l’effort de surmonter les frictions, les difficultés, les incompréhensions, Dieu veuille que ce soit toujours avec le sourire, même si parfois cela coûte beaucoup ! Il est naturel que ce ne soit pas facile, ni tout rose. Il ne faut donc pas s’accabler lorsque tout semble s’effondrer. Il convient de toujours lutter, vouloir être heureux en rendant l’autre heureux, conquérir le bonheur. Souvent, grâce à un regard serein, une montagne insurmontable devient un petit col, dont le franchissement redonne un courage purifié de l’égoïsme.

La grâce sacramentelle n’est pas donnée seulement pour le jour des noces. Le mariage est une source continuelle de grâces ! Si les époux sont fatigués et pensent qu’il est impossible de persévérer, ils devraient s’en souvenir et demander à Dieu de raviver la force de la grâce qui est en eux.

Avec la grâce, la charité augmente et, enracinée dans la foi surnaturelle, elle donne à l’homme une capacité inaccessible par ses propres moyens et devient une réalité divine dans l’âme de vie intérieure. Saint Paul exprime le contenu de cette vertu en disant : « La charité est patiente, la charité est serviable ; elle n’est pas envieuse, ni fanfaronne, ni orgueilleuse, ni blessante, elle ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne garde pas rancune du mal ; elle ne se réjouit pas de l’injustice, elle met au contraire sa joie dans la vérité ; elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. » (1 Co 13,4-7)                  

Dans le mariage, pour conserver et même augmenter leur amour conjugal, les époux seront donc attentifs à ne pas dissocier les quatre  aspects de leur amour :  l’amour physique, l’amour émotionnel, l’amour des idéaux et l’amour surnaturel, en pensant continuellement que la grâce reçue le jour béni de leur mariage ne meurt jamais.

 

Sophie de Lédinghen