Nos enfants sont-ils de petits anges innocents ?

« Tu ne mangeras pas du fruit de cet arbre. » (Gen 2, 17) En établissant cette restriction dans l’usage de toutes les choses créées qu’Il venait de donner à l’homme, Dieu voulait par là lui rappeler qu’il n’est pas son propre maître : c’est de Dieu qu’il doit recevoir la connaissance du Bien et du Mal. Prétendre atteindre sa fin hors de Dieu, refuser de reconnaître sa dépendance à son égard, cela s’appelle : le péché.

Séduits par le démon, Adam et Eve désobéirent gravement à Dieu, l’homme commit ainsi le premier péché, il s’est séparé volontairement de Dieu et s’est lui-même privé de l’amitié divine. Ayant perdu ce trésor, comment alors aurait-il pu le transmettre à ses descendants ? Voilà pourquoi nous naissons tous privés de la grâce divine. C’est cette privation que l’on appelle le péché originel. « Voici que je suis né dans l’iniquité, dans le péché ma mère m’a conçu. » (Ps 50,7)

Quoique propre à chacun, le péché originel n’a, en aucun descendant d’Adam, un caractère de faute personnelle. C’est la privation de la sainteté et de la justice originelles, la nature humaine n’est pas totalement corrompue mais blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à l’empire de la mort, et inclinée au péché (cette inclination au mal appelée « concupiscence »).

Le Baptême (enseigné par Jésus-Christ lui-même à ses Apôtres), en donnant la vie de la grâce, efface ce péché originel et retourne l’homme vers Dieu. Mais demeure la blessure de ce péché, comme la cicatrice d’une plaie guérie, qui affaiblit et entraîne au mal la nature de l’homme et l’appelle au combat spirituel. Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation.

 

Le but de l’éducation

Dans son infinie sagesse, le Créateur a établi des règles pour notre bien. Il ne nous appartient pas de les changer, mais seulement de nous y soumettre en toute confiance : faire le bien, éviter le mal. C’est la voie du bonheur. Malheureusement, bien souvent on se trompe de bonheur, on le cherche où il n’est pas : richesse, bien-être, gloire humaine, pouvoir… Or c’est en Dieu seul, source de tout bien et de tout amour, que se trouve le vrai bonheur. Et chaque fois que nous nous détournons de ces règles établies par Dieu, nous devenons malheureux, parfois même au point de perdre cette vie de la grâce de notre baptême (péché mortel).

Lorsqu’un enfant nous arrive, c’est à nous ses parents de le former à cette vie morale, notamment en lui transmettant la connaissance du bien et du mal ; plus encore, en lui apprenant à vivre en conséquence, à mettre en pratique cette « formation morale », ou formation de la conscience qui tient une place de premier ordre dans l’ensemble d’une éducation qui doit être le moyen d’atteindre le but de sa vie, le Ciel.

 

Apprendre à obéir

Voilà l’une des premières notions à apprendre à nos tout jeunes enfants : si on respecte papa, maman, ou toute autorité, on respectera tout naturellement le Bon Dieu. Si l’enfant voit qu’il rend heureux ses parents lorsqu’il leur obéit, ou bien les fâche en ne les écoutant pas, il comprendra très vite ce qu’est l’obéissance ou ce qu’il en coûte de désobéir. Alors le récit de la chute de nos premiers parents ne présentera aucune difficulté pour lui. Il n’aura aucune peine à comprendre la situation. Il saura qu’il est normal d’être puni quand on désobéit et que si cela fait de la peine à papa et maman, cela fait aussi de la peine au Bon Dieu. Voilà pourquoi il est nécessaire d’encourager l’obéissance de nos enfants, de les récompenser ou punir, toujours avec mesure et justice, à la manière de Dieu envers nos âmes lorsqu’Il nous jugera ! C’est un grave devoir de savoir sévir et encourager, de faire comprendre très tôt aux petits ce qui est bien et ce qui est mal ; et que ce qui fait plaisir ou non à papa et maman fait également plaisir ou de la peine « au bon Dieu si bon » !

 

Ce qu’est le péché

Un peu plus tard, vers trois ou quatre ans, >>>    >>> on expliquera au petit que tout ce qui fait de la peine au Bon Dieu (ou « à Jésus ») est un péché, et que le péché salit son cœur qu’il doit garder bien propre pour, un jour, aller au Ciel voir Jésus. La notion du péché sera claire : une offense à Dieu. En application, dans la vie de tous les jours, les parents apprendront à l’enfant à lutter contre ses mauvaises tendances (colère, paresse, gourmandise…), lutte qui durera toute la vie.

On expliquera ensuite que le péché est le fait de désobéir, et que la tentation seule n’est pas péché. C’est l’action de désobéir à Dieu en « obéissant à la tentation » qui est un péché. Mais, avec l’aide de Dieu et de la Sainte Vierge, on est plus fort pour résister à la tentation. Si on se met sous la protection de Notre-Dame, le démon perd la bataille et ne peut rien nous faire ! On pourra alors montrer à l’enfant une image de la Sainte Vierge écrasant le serpent sous son pied.

 

La conscience

Elle est cette voix intérieure que Dieu a mise en nous comme un guide pour nous aider à faire le bien et rester son enfant. Pour les plus petits, il sera plus facile de dire d’« écouter son bon ange » et « ne pas écouter le démon ». Dès 5 ou 6 ans, quelquefois plus tôt selon les enfants, on les fera réfléchir sur eux-mêmes, sur l’importance d’être attentifs à cette « voix intérieure » et de la suivre fidèlement.

 

Demander pardon

Adam et Eve ont regretté leur péché, et ils ont demandé pardon. Pour leur montrer qu’Il pardonne, Dieu va leur promettre un sauveur. Consolés, ils supporteront avec courage et patience toutes les misères de leur vie.

Nous aussi, nous devons toujours demander pardon sans tarder, dès qu’on a fait quelque chose de mal. Les enfants doivent avoir la certitude que Dieu pardonne toujours si on regrette sa faute et si on en demande pardon. C’est le meilleur antidote contre l’orgueil (« l’éternité de l’enfer vient de ce que le diable ne veut pas demander pardon » disait Bossuet). Et c’est une habitude qu’il faut prendre très jeune : dès qu’un petit tape ou désobéit, on lui fera toujours faire un câlin ou un baiser avant qu’il sache prononcer « pardon » lui-même. Faire la paix, cela va dans les deux sens : à son tour il lui faudra aussi apprendre à pardonner aux autres, et cela ne se fait pas tout seul non plus ! Plus ces habitudes seront prises tôt, moins ce sera difficile.

Cette éducation à faire le bien et éviter le mal guidera l’enfant toute sa vie, le préparera au sacrement de Pénitence en le conduisant régulièrement au confessionnal où il s’agenouillera devant le ministre de Dieu, humble et repentant. Notre responsabilité n’est-elle pas de lui ouvrir la voie du vrai bonheur, celle du Ciel, en lui en donnant les meilleurs moyens d’aimer et de servir Dieu, plutôt qu’en le comblant de gâteries et flatteries qui l’en écarteraient pour l’éternité ?

Le monde dans lequel nous vivons est aux antipodes de cette vision des choses : matérialisme, esprit de consommation, recherche du plaisir, individualisme… Un monde totalement déboussolé, jusqu’à perdre le plus élémentaire bon sens naturel ! Pourtant, c’est dans ce monde que nous sommes appelés à vivre. Cela ne doit pas nous décourager : si Dieu nous a placés là, c’est pour que nous servions de témoins de la Lumière au milieu des ténèbres. Ayons confiance, tant que nous Lui restons fidèles, Il nous donnera toute la force dont nous avons besoin.

Restons solides et fermes dans l’éducation de nos petits, ne leur trouvons pas sans cesse des excuses en nous rappelant que, marqués du péché originel, ils ont un combat à mener contre leurs propres faiblesses. Fortifions-les dans cette lutte pour la vertu plutôt que de les amollir en leur évitant toute sanction ou contrariété : faisons-en avec courage les saints de demain !

 

Sophie de Lédinghen