CONSECRATION NATIONALE A SAINT MICHEL ARCHANGE 

prononcée par les évêques de France le 19 mai 1912

 

« Glorieux saint Michel, permettez que nous vous apportions l’hommage de notre reconnaissance, de notre vénération, de notre amour.

Préposé par l’Éternel à la garde du Droit, vous avez rejeté dans les abîmes Satan et ses suppôts, inclinant votre épée devant l’Homme-Dieu et la Vierge qui devait enfanter et devenir la Reine des Anges. Le peuple élu vous vit à sa tête lorsqu’il errait dans le désert, et vous fûtes, dans son exil, son espoir et sa force. Sur le berceau de l’Église, héritière de la Synagogue, tendrement vous avez veillé. Votre devise devint sa devise et, depuis deux mille ans, rien de grand ne s’est opéré dans son sein en dehors de votre intervention féconde.

Baptisée, la première des nations, dans le sang du Christ, la France vous aima la première. Aussi vous êtes-vous ingénié à faire d’elle, à votre image et à votre exemple, le bon sergent de Dieu. Des champs de Tolbiac aux sommets du Mont Tombe ; des sommets du Mont Tombe aux vallons de Domrémy ; des siècles reculés au temps où languit notre vie, vous avez écrit les meilleures pages de notre histoire. Aussi, la France reconnaissante, aujourd’hui comme autrefois, vous honore sur la Montagne sainte que vous avez choisie, que l’Étranger ne foula jamais en vainqueur, où la Foi vous éleva votre temple le plus merveilleux et le plus célèbre.

Ajoutez encore à vos bienfaits, ô bon et puissant Archange, et prenez officiellement sous votre garde tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes, nos personnes et nos biens, nos familles et nos paroisses, nos évêques et nos prêtres.

Cette consécration solennelle, nous la voulons nationale, et nous renouvelons, autant qu’il est en nous, le pacte séculaire qui lie la France au Prince des Anges.

Nous vous saluons, nous vous bénissons, nous vous acclamons, mais, de grâce, défendez-nous dans le combat. Les ténèbres du doute et de l’erreur nous envahissent de toutes parts : Archange de lumière, dissipez nos ténèbres !

Les volontés fléchissent et les courages chancellent : Archange victorieux, ranimez nos ardeurs et communiquez-nous la flamme qui fait les âmes justes et les peuples vaillants !

Les cœurs s’attachent à la chair et au sang : ô Séraphin sublime, arrachez-nous à la fange et portez-nous à Dieu !

Veillez tout spécialement sur nos foyers, où la foi et l’innocence subissent de si rudes assauts, et commandez à Satan d’y respecter la paix et la vertu.

Ô saint Michel, gardez l’Église et son Chef auguste ; sauvez notre patrie !

Que le Cœur Sacré de Jésus, que le Cœur Immaculé de Marie vous envoient vers nous, avec sainte Jeanne d’Arc ; et que le règne de Dieu s’établisse sur nous et sur le monde à jamais, pour qu’à jamais, ô grand Prévôt du Paradis, nous soyons associés à vos triomphes !

Ainsi-soit-il ! »