Distrait de Dieu

Il est très intéressant de relire quelques passages du bulletin paroissial du Curé de Domqueur, Monsieur l’abbé Philippe Sulmont, prêtre de la campagne picarde1 qui dès l’année 1972, et pendant près de 40 ans, écrivit tous les mois ses réactions face à l’évolution de l’Eglise et de la société. On s’aperçoit qu’avec sa verve pittoresque, il traite les mêmes sujets que ceux que nous connaissons encore de nos jours. C’est une lecture revigorante et tonique, dont je vous livre un extrait qui vous fera sans doute sourire.

 

Mai 1975 

Il n’y a peut-être pas aujourd’hui beaucoup plus d’athées véritables qu’il y en avait jadis, mais le nombre est énorme des gens « distraits de Dieu » (Tresmontant). Les « distractions » sont innombrables. Les manières d’occuper ses loisirs sont infiniment variées sur terre et sous terre, au bord de l’eau, sur l’eau et sous l’eau, sur la neige et sur la glace, dans les airs et sur la lune.

Il est loin le temps où l’Evangile n’avait à signaler comme distraction dommageable à la religion que le fait d’avoir acheté trois bœufs ou le fait de se marier.

Le grain de la Parole de Dieu a aujourd’hui neuf chances sur dix de tomber au milieu des broussailles touffues : forêts de skis, de drapeaux olympiques et de bien d’autres choses…

L’esprit de renoncement, de sacrifice, la modération des plaisirs…, la vertu de tempérance en un mot devient d’urgente nécessité si l’on veut que la pensée de Dieu trouve encore une petite place et qu’une vraie joie vienne illuminer ces occupations et tous ces plaisirs qui, sans Dieu, seront bien vite sentis comme creux et sans but.

 Etonnamment d’actualité, ne trouvez-vous pas ?

 

1Bernard GOULEY, Un curé picard en campagne, Fayard, 1978