- France
Issue d’un partenariat entre le musée du Louvre et le groupe Westfield, qui gère 67 centres commerciaux dans 11 pays, l’exposition itinérante « J’habite le Louvre » se fixe comme objectif de démocratiser l’accès à la culture. En effet, le Louvre inaugure une tournée dans six grands centres commerciaux français intitulée « Le Louvre au centre ». Sur un espace de 100 m2, cette exposition gratuite met en scène les reproductions – en 2D ou 3D – de 22 œuvres du musée parisien, le tout accompagné de cartels explicatifs. Représentant les œuvres phares de chaque département du Louvre, ces répliques permettent de tirer parti de l’afflux de visiteurs dans les centres commerciaux pour développer la culture de chacun et, pourquoi pas, donner envie de se rendre au Louvre. L’exposition est accompagnée d’un espace jeu où les visiteurs pourront par exemple jouer à un « Qui est-ce » géant dont chaque personnage est issu d’une œuvre du musée. Bien que ce genre d’exposition n’égale en rien une visite de musée et la confrontation à des chefs-d’œuvre véridiques, l’initiative mérite d’être saluée. Après un passage à Rosny-sous-Bois et à Dijon en mars et avril dernier, la tournée se poursuivra à Lyon (La Part-Dieu) du 5 au 10 mai, à Paris (Forum des Halles) du 5 au 14 juillet avant de se rendre à Rennes (Alma) du 10 au 17 septembre et enfin à Lille (Euralille) du 25 octobre au 1er novembre.
- Montbéliard (France, Doubs)
Construit entre 1601 et 1607, le temple de Montbéliard est le plus ancien temple protestant de France. Suite à la découverte de décors architecturaux en trompe-l’œil sous l’enduit des murs (2019), une campagne de restauration a été lancée (2021) pour remettre à neuf cet édifice classé. En mars dernier, une déclaration d’envergure a été faite par les archéologues de l’Inrap présents sur le chantier : des tranchées effectuées dans le temple en vue de l’installation d’un nouveau chauffage ont permis la mise au jour de vestiges d’une église médiévale ! Les sources évoquent en effet la présence de l’église Saint-Martin, détruite en 1603 alors que les murs du temple étaient déjà en partie élevés ; d’après les fouilles, l’église aurait été construite au XIe ou XIIe siècle et la restauration de 1490-1491 évoquée par les textes aurait pour origine un incendie (des traces d’incendie ont en effet été décelées sur les ruines). Cette découverte majeure permet de se repencher sur l’histoire du comté de Montbéliard qui fut une possession des ducs de Wurtemberg jusqu’en 1793 ; protestant, le duc Frédéric II fait de la religion luthérienne la religion officielle du comté de Montbéliard en 1588 ; suite à cette ordonnance, l’église Saint-Martin fut transformée en lieu de culte protestant. Devenu trop petit, le temple fut remplacé par l’édifice actuel au début du XVIIe siècle.
- Saint-Malo (France)
Les travaux de rénovation de l’hôtel Jersey à Saint-Malo ont révélé bien des surprises ! En effet, lors de la réfection du sol de l’entrée du bâtiment, les ouvriers ont découvert une splendide mosaïque art-déco dissimulée sous une moquette. Aux couleurs bleue et ocre, cette œuvre évoque des motifs marins de vagues et de coquillages, qui ne sont pas sans rappeler l’œuvre d’Isidore Odorico (1893-1945) ; la paternité de l’œuvre est rapidement confirmée par un spécialiste d’Odorico, ce qui conforte les tenanciers de l’hôtel dans leur volonté de conserver la mosaïque. Venu d’Italie pour participer au chantier de l’Opéra Garnier, le père d’Isidore Odorico était lui-même mosaïste et installa son entreprise à Rennes où il importa son art. Suivant les traces de son père, Isidore Odorico se passionne lui aussi pour la mosaïque et collabore avec de nombreux artistes travaillant dans le Grand Ouest ; on trouve parmi ses réalisations les plus connues la Maison Bleue d’Angers. Aucune date précise n’est encore retenue pour l’œuvre de Saint-Malo, mais une page de journal retrouvée à proximité et datant de 1927, laisse supposer qu’elle a pu être réalisée à ce moment-là.
- Schleswig (Allemagne)
C’est au siège des archives de l’Etat fédéral du Schleswig-Holstein, au nord de l’Allemagne, que l’on a retrouvé des fragments de la tapisserie de Bayeux, parmi les biens de l’archéologue Karl Schlabow (1891-1984). Spécialiste de l’archéologie textile, Karl Schlabow était aussi membre de l’Ahnenerbe, à savoir un centre de recherches pluridisciplinaires nazi créé par Himmler en 1935 ; le but premier de cette organisation scientifique confidentielle était d’expérimenter de nouveaux traitements médicaux (dans des conditions souvent inhumaines) et d’étudier l’histoire, l’archéologie et l’anthropologie afin de découvrir les origines de la race aryenne. La tapisserie de Bayeux attirait l’attention des nazis à double titre : elle pouvait d’une part constituer un outil de propagande en faveur de l’expansion nazie en établissant une analogie avec les conquêtes de Guillaume le Conquérant ; d’autre part, certains nazis estimant que la « pureté » aryenne trouvait ses origines dans les peuples scandinaves, le parallèle avec un guerrier descendant des Vikings devenait intéressant. Quoiqu’il en soit, Karl Schlabow fut envoyé en 1941 en Normandie pour étudier de plus près la fameuse tapisserie : au vu de ce que l’on a retrouvé aux archives de Schleswig, il paraît évident qu’il n’a pas seulement observé l’œuvre mais qu’il est bel et bien reparti avec des échantillons. Le fait qu’il s’agisse de morceaux de lin sans broderie permet d’affirmer que l’on a affaire à des parcelles issues de l’arrière de la tapisserie ; quant à la provenance des fragments, elle ne fait aucun doute, l’archéologue ayant pris soin de la noter ! Ces éléments devraient être restitués à la France dans le courant de l’année.