Ayez horreur de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ; ne cherchez pas à savoir pourquoi ceci ou cela. N’accordez aucun intérêt à ce que vous en apprenez. Ne consentez pas à prêter l’oreille, ni même l’attention, aux « potins ». Voulez-vous garder limpide le miroir de votre âme ? Ne permettez pas à l’inutile pensée du prochain de venir le troubler. Si vous n’êtes pas chargé de la conduite des autres, ne vous informez pas de leur comportement ; ne faites pas de réflexions intérieures à leur sujet, surtout en ce qui concerne leurs défauts ou leurs fautes. Priez seulement pour que Dieu soit aimé et servi par tous. Toute pensée accordée à la créature vous ramène à vous, car c’est finalement par rapport à vous que vous l’appréciez d’ordinaire, non par rapport à Dieu. Quand tous les autres ne seraient pas ce qu’ils doivent être, gardez la paix. Vous, soyez-le. Votre fidélité, silencieuse et paisible, fera beaucoup plus pour l’avancement d’autrui que votre agitation et vos blâmes souvent inefficaces. L’exemple de votre sérénité, votre transparence aux rayons de Dieu qui vous habite, porteront plus au bien que tous vos discours et vos algarades. Votre âme ne doit refléter que Dieu.
Dom Guillerand (1877 – 1945) – Les portes du silence