La vocation de la femme

Chère Bertille,

            Tu viens de finir la première partie de tes études, tu as passé tes examens avec succès, bravo ! Tu arrives maintenant à la croisée des chemins. Jusqu’à aujourd’hui, tout te semblait tracé, tu as progressé petit à petit dans les différentes classes de la maternelle au lycée, les études supérieures ont suivi tout naturellement, et maintenant que se profile ta vie professionnelle, tu me fais part de ta volonté de faire une retraite spirituelle pour prendre le temps de réfléchir à ta vocation. C’est une excellente idée, je t’en félicite !

  Par cette lettre, permets-moi de te développer ma pensée au sujet de la vocation, pensée façonnée par ma petite expérience de la vie, et mes différentes lectures.

   Tout d’abord, le terme « vocation » vient du latin « vocare : appeler ». Cela signifie que l’on est appelé pour remplir une mission en vue d’un but bien précis. Pour nous qui sommes catholiques, nous savons bien que c’est Dieu qui nous appelle et que le but de notre vie sur la terre est le Ciel. Pour atteindre ce but, le Bon Dieu nous propose différents états de vie qui sont des moyens pour atteindre ce but. Ces derniers sont la vie maritale, la vie religieuse ou le célibat consacré à Dieu. Avant de me demander quel moyen le Bon Dieu veut que je prenne pour me sanctifier, il me semble important de répondre à la question de la vocation de la femme : quelle est ma vocation en tant que femme ? J’y répondrai en m’appuyant sur les écrits du père Jean Dominique : dans la Genèse il est dit : « Et Dieu créa l’homme à son image, Il l’a créé à l’image de Dieu, Il les créa homme et femme2. » « Dire que la femme fut créée, comme l’homme, à l’image de Dieu, c’est donc la voir toute orientée vers Dieu. La mission fondamentale de la femme est donc d’être tournée vers Dieu, d’être une fille de Dieu qui fait la joie de son père, d’être un miroir de Dieu pour la joie de Dieu. Le premier devoir qui est fait à la femme par l’Ecriture est donc celui de la sainteté et de la vie contemplative3. » . Le second devoir est la maternité : « Or celle-ci, qu’elle soit naturelle ou spirituelle, mobilise toutes les qualités de la mère pour la mission si haute de la transmission et du soin de la vie. Tout l’être de la femme y est comme aimanté par l’intérêt d’un autre, par le service d’une destinée qui la dépasse. La vocation à la maternité épanouit la femme en la consacrant à une fin qui lui est extérieure, son enfant. […] La vocation de la femme apparaît, de prime abord, comme un don >>> >>> de soi, parce qu’il est une œuvre d’amour4. » La vocation de la femme est donc double : une vie contemplative et la maternité.

   Maintenant vient la question des moyens. Quel est le moyen que le Bon Dieu souhaite que j’utilise pour atteindre le but, le Ciel ? Trois grands choix se présentent : la vie maritale, la vie religieuse, le célibat consacré à Dieu. Même si l’état de vie religieuse est plus parfait que l’état de vie maritale ou le célibat consacré à Dieu, si ce n’est pas le moyen que le Bon Dieu veut pour moi, il sera plus difficile de m’y sanctifier. Ces choix sont importants, il faut demander au Bon Dieu la grâce de discernement et la vertu de Prudence pour découvrir le plan de Dieu sur nous, puis les vertus de Force et de Persévérance pour prendre le moyen que le Bon Dieu nous donne dans sa grande miséricorde pour notre sanctification. Pour que ces vertus agissent, il faut une disposition de l’âme, la rendant attentive à la grâce et ayant l’habitude de faire silence pour écouter le Bon Dieu. Ainsi, cette étape de la vie où nous avons un choix important à faire se prépare depuis longtemps, depuis l’enfance. Cette préparation se fait par la réception fréquente des sacrements et par une habitude de vie, notamment pour préparer cette mission de la maternité tant naturelle que spirituelle : « la maternité ne laisse aucune place à la rêverie, au sentimentalisme et à l’égoïsme. Elle est un oubli de soi de tous les instants. C’est pourquoi la jeune fille fera bien de s’initier très tôt à cette loi de la générosité, en particulier par les œuvres de la miséricorde spirituelle (œuvre d’éducation, catéchisme, apostolat), et corporelle (soins des petits, des vieillards et des pauvres), et d’apprendre à y trouver sa joie5. »

   La vie religieuse, la vie maritale ou le célibat consacré à Dieu ne sont pas le but de la vie, ce sont des moyens que le Bon Dieu nous donne pour atteindre notre fin qui est le Ciel. Ce moyen, il faut savoir le choisir avec discernement. Une fois ce moyen identifié, il nous reste une longue route pour atteindre notre but car ces moyens peuvent prendre différents aspects : le célibat est un moyen d’accomplir sa vocation seulement s’il est consacré à Dieu, c’est-à-dire vécu comme un don de soi, une maternité spirituelle, il peut être temporaire (attente d’un mariage) ou définitif (décision prise soit très tôt dans la vie d’adulte, ce qui est rare mais possible dans les vocations particulières, soit, le plus souvent, plus tard, lorsque l’opportunité d’un mariage ne s’est pas présentée); la vie maritale peut être très différente d’un foyer à un autre : il est possible de ne pas avoir d’enfants, d’être mère d’une famille nombreuse, d’être veuve très tôt avec des enfants en bas âge, d’être une maman malade… ; quant à la vie religieuse, elle peut aussi prendre différents aspects : on peut être une religieuse contemplative et cloîtrée, consacrée à l’éducation des enfants, supérieure générale d’une congrégation, sœur tourière, ou fondatrice d’un nouveau couvent… Tant que nous gardons cette disposition de l’âme à être docile au Bon Dieu, nous sommes sûres d’accomplir notre vocation et d’atteindre le but qui est le Ciel.

   Voici, ma chère Bertille, le fruit de ma réflexion. J’espère qu’elle te sera bien utile et te permettra d’accomplir ta vocation de femme.   

                Anne

 

1 Le mot « vocation » est ici employé dans un sens large qui englobe toutes les formes de vie auxquelles Dieu nous appelle.

2 Genèse, I-27

3 Père Jean-Dominique, O.P., D’Eve à Marie, la mère chrétienne, éditions du Saint Nom, 2008, p 9-10

4 Père Jean-Dominique, O.P., D’Eve à Marie, la mère chrétienne, éditions du Saint Nom, 2008, p 11-12

5 Père Jean-Dominique, O.P., D’Eve à Marie, la mère chrétienne, éditions du Saint Nom, 2008, p 12