Est-ce que le savoir-vivre s’applique aussi à l’école ? C’est la question qu’on pourrait se poser en voyant les « incivilités » en tous genres dont souffrent les professeurs. Récemment, une jeune institutrice en voyage en Afrique, me faisait part de sa surprise en voyant la discipline et le respect pour l’autorité qui règnent dans les classes des pays qu’elle a traversés !
Serait-ce que les règles de politesse de l’ancien temps y sont toujours de mise, que le souffle du grand laisser-aller démagogique français n’a pas encore atteint les enseignants d’outre-Méditerranée ?
Rappelons quelques points essentiels qui rythmaient la vie scolaire de bien des écoles, il n’y a pas si longtemps, et qui se retrouvent heureusement encore dans quelques établissements où la discipline est respectée :
Respect des horaires, rassemblement en silence dans la cour de récréation.
Entrée en classe en rangs 2 par 2, en uniforme ou avec un tablier, boutonné, les bras croisés derrière le dos (afin d’apprendre à se tenir droit).
Accueil du professeur debout, jusqu’à ce qu’il nous invite à nous asseoir. On lève la main pour prendre la parole, on n’interrompt pas le professeur, et l’on attend qu’il ait fini son explication pour poser sa question.
On ne l’appelle pas par son prénom, mais Madame, Mademoiselle ou Monsieur. Quand on parle de lui, on ne dit pas : Dupont, mais « Monsieur » Dupont, même en son absence. Quand on le croise dans les couloirs, on lui dit : « Bonjour Monsieur » distinctement avec un franc sourire, même s’il vient de nous rendre un devoir « exagérément sous-noté ».
Les caricatures, surnoms et autres quolibets sont à proscrire ; de même pour les batailles d’objets volants non identifiables, le trafic de matériel, ou d’information pendant les devoirs, les portables… Je ne vais pas vous faire un récapitulatif de règlement intérieur.
Tout ce formalisme n’est pas facultatif. Lui seul permet de maintenir un climat d’étude et de courtoisie, qui devient bientôt de la confiance et même de l’affection du professeur vis-à-vis de sa classe, confiance réciproque, entraide entre camarades. Ce n’est plus la lutte des classes, le combat irrémédiable entre les « sachants » et les « apprenants », le professeur garde chiourme, mais plutôt un grand navire avec un maître d’équipage chargé de faciliter la traversée de ses matelots vers les terres inconnues du Savoir.
Ce n’est pas un idéal inatteignable, saboté par les commentaires assassins des élèves sur les réseaux sociaux, mais une condition indispensable pour lutter contre l’ignorance invincible de cette génération de « mal appris », qui n’a même pas appris à apprendre… C’est d’ailleurs la méthode appliquée par toutes les petites structures qui veulent redresser la situation dans des zones déshéritées : discipline, politesse, confiance.