Tenir bon

Tout foyer, lorsqu’il vient de se fonder, ne connaît pas les difficultés qui seront siennes, et ne les imagine pas. C’est tant mieux, sinon aucun ne se formerait… Mais un jour, la croix est là, qu’elle vienne de nos imprudences, ou qu’elle soit soudainement donnée.

           Et avec elle, l’incompréhension, l’inquiétude, la tristesse. Nous avons tant de mal à voir les évènements comme Dieu les voit, et pourquoi Il les permet. Mais tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, alors…

  Ne pas oublier que le Père est toujours là, et le Saint Esprit qu’il faut implorer avant de se précipiter sur la solution que notre nature suggère d’instinct, comme un noyé qui s’accroche à la première épave ou se débat avec force. Les conseils avisés d’un prêtre ou d’une âme consacrée sont aussi là pour nous éclairer et garder un esprit chrétien, paisible.

  Ignorer les remarques du monde ou si la difficulté est interne au foyer, ne pas accuser l’autre de tous les maux, c’est si facile et si spontané parfois. Puiser dans les grâces du mariage qui ne font jamais défaut. Elles sont là mais nous oublions souvent de les faire nôtres et d’y être réceptifs, quoiqu’il en coûte à notre amour propre.

  Rien n’est perdu, tant dans le support de la difficulté ou sa solution, que pour notre couronne future au ciel, si nous restons dociles en aimant ce mystère qui nous dépasse. Les moyens humains de don de soi aux autres pour nous oublier, de détente saine et joyeuse pour soulager la nature, la prière confiante, nous aideront à ne pas alourdir la croix en « tournant en boucle dessus ».

  Bannir toute plainte excessive ou esprit d’amertume n’est pas chose aisée, nous sommes si faibles…Le danger peut être double : trop nous répandre sur nos difficultés ou au contraire nous taire et nous raidir pour tenir.

  Omettre la simplicité de se confier alors qu’il existe autour de nous des âmes qui pourraient compatir et nous aider, est une erreur. Il nous faut aussi avoir la délicatesse de se pencher sur les peines du prochain pour oublier un peu les nôtres. Se rappeler que tout doit nous faire grandir, et que tout est grâce…

  Notre Père, faites que nos épreuves portent des fruits, pour nous, pour les âmes dont nous avons la charge ou celles croisées le temps d’un instant. Faîtes que nous soyons bons instruments, dociles entre vos mains pour faire rayonner, à notre insu, Votre Amour.              

Jeanne de Thuringe