Le sacerdoce caché

Mon Dieu, vous avez tiré la femme du côté de l’homme, c’est-à-dire de son cœur. Il nous est donc donné d’être le cœur du foyer, de comprendre avec intuition ce que l’homme formalisera, dans le temps, avec sa raison.

Le côté, c’est aussi une partie du corps à laquelle nul ne fait trop attention, la tête, les mains, la silhouette sont remarquées, mais pas le côté.

Aussi tirées du côté, nous avons un rôle humble et caché mais essentiel puisque le cœur assure la vie de tout le corps.

 

Mon Dieu, apprenez-moi à être ce cœur qui donne vie à ceux qui me sont confiés ou que je croise le temps d’un moment.

A être ce petit moteur silencieux qui tourne sans cesse, de façon si évidente, si normale, que nul ne le remarque.

A exercer une sorte de sacerdoce caché, puisque ne pouvant vous offrir la Victime sur l’autel, je peux offrir mon sacrifice sur l’autel de votre Cœur, pour les âmes dont j’ai la charge, celles qui sont loin de vous, celles qui se sont recommandées à mes prières.

 

Douce Vierge Marie, vous regardant dans l’Evangile, je ne vois ni discours, ni action de terrain éclatante, ni entreprise, ni miracle.

Juste une femme qui fait humblement son devoir d’état comme je dois faire le mien, attentive aux autres, devinant leurs besoins lors de la Visitation et des Noces de Cana. Une mère qui offre à Dieu la victime qu’est son Fils sur la Croix, s’unit à ses souffrances, offre les siennes toutes maternelles, et avec Lui pardonne aux bourreaux.

 

Mon Dieu, dans mes tâches du quotidien, mes peines physiques ou morales, donnez-moi de tourner mon cœur vers Vous, afin qu’avec votre grâce, j’enfante des âmes par mon offrande, dans une prière silencieuse.

Apprenez-moi à ne pas vouloir agir avec éclat, surtout quand je n’y peux rien mais à m’oublier, à me renoncer pour obtenir ainsi, bien plus sûrement la grâce souhaitée.

 

Mon Dieu, apprenez-moi à aider vos prêtres comme le faisaient les saintes femmes pour les apôtres. Après leur rude journée, ne faisaient-elles pas le repas, ne réparaient-elles pas tuniques déchirées et sandales usées dans une prière muette mais qui préparait les âmes à recevoir la parole de Dieu ?

A leur exemple, je peux porter discrètement un prêtre dans ma prière, participant ainsi au sacerdoce, réparer ou confectionner des ornements, en offrant tout le temps passé, les petits points comptés comme autant d’intentions pour son ministère.

Sœurs, mères de prêtres ou simples fidèles, nous pouvons ainsi accompagner efficacement le ministère de celui pour lequel nous œuvrons, afin de lui préparer des âmes.

 

Mon Dieu, apprenez-moi ce sacerdoce caché qui peut tant pour l’Eglise, pour le monde, et dont je ne verrai les fruits que dans votre Eternité.

         

                Jeanne de Thuringe