Donner c’est aimer

Il est étonnant de voir comme certaines personnes passent leur vie à rendre service, à droite, à gauche, avec discrétion, sans jamais sembler se lasser et gardant le sourire… Mais comment font-elles ? Qu’est ce qui les motive ainsi ?

Cela ne leur tombe pas dessus, un beau jour où elles décident de sortir de leurs petites préoccupations personnelles… Non, je dirais que c’est un état d’esprit qui s’acquiert peu à peu, et avant tout par une éducation qui imprègne l’âme de l’enfant, lui donnant la volonté de se tourner vers son prochain afin de lui ouvrir son cœur en lui donnant un peu de lui-même par un service rendu, un mot aimable , tout simplement un sourire, ou encore tant d’autres choses… car donner, c’est aimer !

Notre-Seigneur Jésus Lui-même ne nous a-t-Il pas aimés au point de donner Sa vie pour nous, jusqu’à la mort, pour nous sauver ? Y a-t-il plus grand amour que de donner sa vie ?

Ainsi, les époux se donnent-ils l’un à l’autre pour la vie, parce qu’ils s’aiment. Ils aimeront les enfants auxquels ils auront donné la vie…

Mais il ne suffit pas de donner pour aimer… il faut se donner le mal de bien donner, y prendre de la peine…car donner c’est aussi souffrir!

De retour à la maison après sa journée de travail, cet époux ne prend aucune peine auprès de son épouse pour l’aider à coucher les enfants ou débarrasser la table du dîner…c’est qu’il a eu une rude journée, et le soir, comme le dimanche d’ailleurs, sont pour lui des temps de repos ! Son épouse ne viendra s’asseoir auprès de lui que bien plus tard…elle qui n’a pas eu un instant pour se détendre un peu depuis son lever matinal ! Il l’accueille aimablement et reprend sa lecture, estimant aimer convenablement celle qui aurait bien souhaité avoir quelque soutien pour coucher les petits et ranger la cuisine après une si longue journée… Allons monsieur, il faut vous donner un peu de mal pour montrer à votre épouse que vous l’aimez ! Vous auriez dû lui accorder un peu de votre temps, un peu de votre énergie aussi car les enfants ne se sont pas laissés coucher facilement ce soir… un peu d’attention en l’aidant dans la cuisine tout en prenant des nouvelles de sa journée… vous auriez eu une petite joie au cœur en vous asseyant enfin tous les deux pour partager ce moment de repos ! Est-ce aimer que de n’avoir pas su bien donner tout cela ?

Oui, cela coûte de bien se donner entre époux: ne pas se faire de réflexions désagréables, faire preuve de patience, céder au désir de l’autre, ne pas envenimer la conversation… Comme cela demande d’efforts ! Peu importe quand il s’agit de choses secondaires… Aimer pour le bien de notre conjoint est plus fort que tout ! Cela demande aussi beaucoup d’abnégation de faire le choix généreux d’une nombreuse famille, ou, si cela ne nous est pas possible, d’exercer notre générosité en donnant de notre temps auprès d’autres personnes ! Cela coûte encore de restreindre une vie mondaine qui se fait au détriment de la cellule familiale, de faire le choix d’écoles onéreuses car non subventionnées et libres pour un enseignement en adéquation avec nos convictions morales et religieuses…

Oui cela est contraignant encore d’avoir à être exigeant avec ses enfants, de ne pas céder à leurs caprices, de savoir donner tout de suite la fessée méritée alors qu’on était à tout autre chose et qu’on n’avait nulle envie de sévir ! Seulement voilà, nous avons fait le choix d’un bien supérieur pour eux et il faut le leur donner, c’est notre devoir de parents aimants et responsables !

C’est pour cela, chers parents que nous devons transmettre très tôt à nos enfants le sens de donner, de bien donner ! Il me semble qu’il y a deux choses à travailler en parallèle pour cette éducation : faire plaisir à ceux que l’on aime, et  l’esprit de sacrifice.

Un enfant aime ses parents, et il comprend très vite qu’il doit aussi aimer le bon Dieu si bon pour lui. Il n’est pas difficile de lui apprendre à faire plaisir à sa maman ou son papa en obéissant, rangeant sa chambre ou en rendant service… De la même manière fera-t-il plaisir à Jésus en lui donnant un baiser, lui faisant une prière ou lui offrant un sacrifice. Ainsi fera-t-il très vite le lien entre aimer-donner-souffrir, car parce qu’il aime il est capable de donner au prix même d’un effort, jusqu’à ce que cela lui coûte.

Il faut alors être attentif à ce que ce don soit gratuit, sans esprit de retour… Au départ les parents remercient leur enfant et le félicitent. Attention que le don n’attende pas de félicitations systématiques ou de récompense quand l’enfant grandit (on voit souvent cela quand un enfant observe si on l’a bien vu faire sa bonne action…). Il faut savoir remercier, c’est certain, mais il peut arriver qu’il n’y ait aucune félicitation après un service rendu…la vie le prouvera souvent et il ne faut pas se sentir frustré et tomber dans l’orgueil pour autant… c’est justement l’esprit de sacrifice qui communiquera aux âmes la force dans les difficultés de la vie, et dans les épreuves qui ne manqueront pas. Le service est gratuit ! Il est un don du cœur, un acte de générosité pure, il n’y a aucun intérêt personnel à en attendre ! On travaillera ainsi la générosité des enfants en leur demandant des services à la maison, ou les uns pour les autres, avec gentillesse et spontanéité. A ce propos, il est préférable d’éviter les fameuses listes de services avec des tours…qui entraînent des « ce n’est pas à moi de le faire, ce n’est pas mon tour ! » et tuent l’esprit de générosité, et l’initiative d’un service non demandé. Mieux vaut ne pas faire de listes pour éveiller l’attention personnelle aux autres et le service discret, ou, si vous y tenez, une liste de services à rendre (dans la maison ou le jardin…) sur laquelle chacun inscrira son nom en face du service choisi. La maman veillera à ce que les choix tournent en fonction des difficultés et des âges… Par ailleurs elle s’adressera à l’un ou à l’autre pour demander une aide particulière… et parfois même à tout le monde à la fois : vous verrez alors comme le service peut se faire dans une bonne ambiance familiale !

Cet esprit de générosité s’ouvrira peu à peu vers l’extérieur du foyer familial en donnant une pièce et une médaille miraculeuse au pauvre sur le trottoir, un  jouet ou des vêtements aux familles en difficulté, un peu de soutien pour garder les enfants de la voisine ou une visite à une personne seule ou âgée…

A la paroisse les enfants suivront naturellement l’exemple de leurs parents en proposant leur aide au service de messe, ménage de l’église ou participation à la chorale…la famille sera capable de renoncer à un bon week-end bien confortable en petit comité, pour renforcer les rangs d’un pèlerinage et s’époumoner au grand air en lançant prières et cantiques !  Peu à peu ils s’engageront plus intensément en se dévouant dans des mouvements de jeunesse tels que le scoutisme, le MJCF ou d’autres associations où ils pratiqueront pleinement le don d’eux-mêmes.

C’est là une grande responsabilité des parents de transmettre l’esprit du don de soi-même à leurs enfants qui rayonneront autour d’eux en livrant leur cœur au service de leur entourage, dans un esprit de sacrifice pour l’amour du prochain dans lequel ils sauront voir Dieu! Nous ne serons pas surpris alors de voir fleurir autour de nous des familles nombreuses et généreuses….ainsi que de belles vocations religieuses d’âmes prêtes à donner leurs vies pour le service d’autres âmes !

Sophie de Lédinghen