Le foyer, royaume de charité

De part le sacrement de mariage et les grâces reçues, nous régnons sur notre foyer ; or une reine n’est-elle pas responsable de l’atmosphère générale de son royaume ? N’est-ce pas nous, qui, en tant que cœur de la famille, devons donner le « la » de l’ambiance générale pour que chacun ait plaisir à s’y retrouver ?

Bien sûr une maman aura à cœur, même avec de petits moyens, de donner une âme à sa maison en y mettant sa touche féminine et en l’imprégnant d’une note chaleureuse. Naturellement elle mettra tout son talent de cuisinière en soignant particulièrement les bons petits plats qui feront plaisir à chacun le dimanche ou le jour du retour des plus grands… Mais si tout ceci est nécessaire, ce n’est pas suffisant… Penchons-nous aujourd’hui sur l’atmosphère profonde de la maison, cette ambiance saine et toute imprégnée de charité qui doit régner au cœur de la famille.

Notre rôle est ici primordial. Il demande un grand équilibre et quelques notions pour garder le cap afin que notre foyer rayonne de la vraie charité.

L’une des conditions pour bien donner est, nous vous l’avons déjà dit, d’avoir personnellement trouvé un équilibre spirituel et affectif. Seul le trop plein se  répandra alors autour de nous.

Se remplir pour donner

Le premier élément est bien entendu de déceler les dons reçus  et de savoir en être reconnaissant :

-vis-à-vis de Dieu qui nous a tout donné et dont le don est encore permanent. Est-ce que je suis consciente que tout vient de Dieu ? Est-ce que je lui rends les honneurs qui lui sont dus ? Apprenons à regarder en arrière pour remercier la Providence de ses multiples interventions qui nous ont guidées tout au long de notre chemin. Si parfois, dans l’instant, nous n’avons pas compris les voies de Dieu, souvent,  à posteriori, nous ne pourrons que rendre grâce !

-vis-à-vis de nos parents. Bien souvent on rencontre des personnes qui ont gardé des amertumes et des aigreurs par rapport à leur famille. Si l’on veut construire et donner en vérité, ne doit-on pas pardonner, voir les éléments positifs qui ont marqué notre vie et nous grandir sans nier les imperfections mais s’en servant de tremplin pour rebondir ? Avons-nous pensé à remercier nos parents pour tout ce qu’ils nous ont transmis ? Pour la vie et la foi qu’ils nous ont données ? Leur sommes-nous gré d’avoir été le maillon d’une grande chaîne et de nous avoir transmis notre histoire familiale ?

-vis-à-vis de la société, de nos maîtres, de nos prêtres,… savons-nous reconnaître tout le bien qui nous a été fait ?

On ne peut soi-même devenir un maillon positif de la chaîne  que si l’on reconnaît ce que l’on a reçu, si l’on pardonne les erreurs qui ont été faites et si l’on tire les conclusions qui nous permettront de mûrir et de pouvoir construire à notre tour !

Ne nous berçons pas d’illusions : nous avons tous vécu des événements plus ou moins difficiles dans notre vie, été victimes d’erreur de jugement ou d’orientation mais la perfection n’est pas de ce monde et si nous ne reproduisons pas les impairs qu’ont faits nos parents, nous en ferons certainement d’autres… Notre nature n’étant pas parfaite, c’est la loi, l’important est de ne pas garder et ruminer des souvenirs indéfiniment ! Savoir pardonner nous aidera alors à donner à notre tour !

Après ce travail sur nous-mêmes, il nous faut être vigilant pour conserver ou acquérir une stabilité harmonieuse à tous les niveaux : une maman épuisée, excédée et de mauvaise humeur n’aura plus qu’une toute petite flamme pour rayonner…

Attention, messieurs, c’est bien vous qui êtes responsables de l’équilibre de votre femme ; vous devez donc veiller sur elle : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle (…). C’est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes, comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair ; mais il la nourrit et l’entoure de soins, comme fait le Christ pour l’Eglise[1]. » La femme doit trouver son « épanouissement » dans son foyer et non « malgré » ou « en dehors de » celui-ci. Par le don qu’elle fait d’elle-même à tous, elle reçoit en plénitude et peut alors transmettre la joie des enfants de Dieu.

Pour que la flamme rayonne en vérité, il faut donc :

– Avoir une vie spirituelle riche car c’est le seul moyen de transmettre l’amour de Dieu.

– Respecter un rythme naturel équilibré (Sommeil, nourriture, exercice physique…) en connaissant ses faiblesses et ses limites.

– Occuper sainement ses temps libres (après son devoir d’état) en pratiquant les œuvres de miséricorde, puis aussi en exerçant l’une ou l’autre de ses « passions » (lecture, histoire, enseignement, encadrement, tapisserie…)

c’est ce que Saint Thomas appelait la vertu d’eutrapélie[2].

– Ménager des moments privilégiés avec son époux pour écouter ce qu’il a à dire et prendre le recul nécessaire.

C’est alors que l’épouse pourra véritablement Rayonner !

Elle aura à cœur de transmettre à ses enfants les qualités familiales, l’histoire de leurs deux familles : il y a toujours une belle âme, un héros ou une histoire à raconter…

Elle saura voir le positif, et leur apprendre à toujours considérer « le verre à moitié plein », examiner ce qui va bien, apprendre à ses enfants à dire merci (l’ingratitude est un défaut qui fait tellement souffrir !). Elle les aidera à analyser les échecs pour en faire une progression.

Elle veillera à ce que chacun puisse s’exprimer et « raconter » à son tour et que tout le monde l’écoutera avec bienveillance. Elle maintiendra un climat de paix en bonne harmonie.

Elle sera très vigilante pour éliminer les ruminations toxiques qui empoisonnent les âmes, bannir l’esprit de critique systématique : ces médisances et calomnies qui déforment le cœur. Elle leur enseignera les vertus de bénignité et de bienveillance  en opposition avec la jalousie et les rancœurs. Elle apprendra à ses enfants à critiquer les actes (il le faut bien malheureusement…)  et non les personnes.

Elle leur enseignera à recevoir la reconnaissance des autres sans mièvrerie. Chacun doit savoir accepter un compliment pour un acte bien fait quand il est dû, sans fausse pudeur mais avec humilité et la maman prendra garde à ne pas nuire à la formation du cœur de son enfant en recherchant elle-même les compliments. Ceux-ci doivent être justes mais on ne doit pas s’appesantir dessus. Elle doit exiger que les réflexions déplacées sur la « beauté » de l’enfant ne soient pas entendues par la personne concernée… qui n’en tirera que vanité et dureté de cœur.

Son rôle est bien de forger des cœurs droits et purs sans jamais tomber dans le sentimentalisme mais en ayant toujours pour objectif de former des âmes pour le ciel.

Ainsi la charité règnera profondément au cœur du foyer.

Que Notre-Dame des Foyers ardents vous aide en ce début d’année à faire le point sur ce qui doit être amélioré pour que votre famille reste ou devienne un lieu de paix où chacun aime à venir se ressourcer.

Marguerite-Marie


[1] Saint Paul ; Epitre aux Ephésiens- (5-25)

[2] «il est contraire à la raison d’être un poids pour autrui, de n’offrir aucun agrément et d’empêcher son prochain de se réjouir … ceux qui refusent de se distraire, qui ne racontent jamais de plaisanteries et rebutent ceux qui en disent, ceux-là sont vicieux, pénibles et mal élevés» (IIa IIae, Q168, a 4)