Les économies, cela s’apprend !

            Qui n’est pas concerné par le souhait de faire davantage d’économie ? Que ce soit par esprit de pauvreté, par mesure de restriction budgétaire familiale ou pour pouvoir donner plus aux nécessiteux, nous y trouvons tous un avantage certain !

Notre Seigneur lui-même, après avoir nourri copieusement une foule de cinq mille hommes à partir de seulement cinq pains d’orge, n’ordonna-t-il pas aux apôtres de ramasser les morceaux laissés au sol « afin que rien ne soit perdu » ? Et l’on en remplit douze couffins… La précaution n’avait pas été vaine ! On peut donc être généreux et économe…il faut même être économe afin de pouvoir se montrer généreux ! Jésus nous apprend que compter sur ce qu’il nous donne ne nous dispense pas de compter sur nous-mêmes en nous efforçant de ne rien perdre et de tirer de toute chose le meilleur emploi possible, ce qui est d’une actualité constante au sein d’un foyer…

Dans un ménage, il est facile de caricaturer la situation en résumant que Monsieur tient les cordons de la bourse, et que Madame dépense. Nous parlons ici d’un père de famille qui a calculé prudemment son budget et étudié avec son épouse les différentes dépenses familiales qu’elle aura soin d’ordonner avec sagesse. Il est bien évident que si les époux ont eu l’exemple raisonnable de leurs parents et qu’ils ont ainsi appris d’eux les différents moyens (financiers et matériels) de tenir un ménage, les choses seront facilitées. On peut dire en effet que la première des dots que peuvent s’apporter les jeunes mariés, l’un à l’autre, est un minimum de savoir-faire dans tous les domaines concernant leur famille, pour une meilleure entente et un bon fonctionnement du ménage.

Voyez Louise, petite épouse accomplie qui ne semble jamais fatiguée alors qu’elle n’arrête pas de la journée : sa maison est toujours bien tenue, la décoration sobre et élégante et les repas prêts à l’heure, bien avant le retour de ses six écoliers, et de son mari transformé en ogre affamé après une grosse journée de travail…Elle n’a pas son pareil pour exécuter son petit tour de maison quotidien en un rien de temps, et passer régulièrement l’après-midi en tête à tête avec sa machine à coudre à la confection de rideaux pour la maison ou de vêtements pour l’un ou l’autre de ses enfants… Très gentiment, Paul, en époux attentif, avait pris les devants pour fixer la tringle à rideaux et ne pas retarder Louise.

Quelle fierté pour lui d’avoir épousé une jeune femme qui sait tenir la maison, l’embellir avec des petits riens, utilisant des restes de tissus, transformant avec adresse des objets usés auxquels elle offre une nouvelle vie ! Il faudrait beaucoup de temps et d’argent pour compenser le travail diligent et expérimenté d’une épouse accomplie ! A quoi bon épouser une femme fortunée si elle est paresseuse et incompétente, gaspillant la première moitié en femme de ménage et l’autre moitié en coquetterie ?! Et quel soulagement pour Louise de pouvoir signaler à son époux la moindre fuite d’eau sous l’évier ou la vitre cassée par le petit Martin…. ou encore de pouvoir s’échapper pour quelques courses ou un rendez-vous de médecin, en lui laissant la maisonnée qu’il aura menée à bien le temps de son absence !

Oui, si les pères et mères de familles pouvaient pousser l’éducation de leurs enfants en les préparant à leur vie d’adultes, formant les filles à être des maîtresses de maison accomplies par leurs connaissances, leur goût, adresse, culture, créativité…et initiant les garçons aux notions de bricolage, de dépannage, d’apprentis coiffeurs, autant que d’administration, de finances et que sais-je encore selon les goûts et les capacités de chacun… ! Que d’économies alors pour ces futurs époux mieux armés pour faire face à leur avenir domestique ! Qui éduquera les futurs époux si la mère et le père ne savent tenir ni la maison, ni la bourse ? Cela éviterait bien des heurts et permettrait aux époux de se soutenir l’un l’autre en dirigeant leurs affaires communes dans un climat plus serein que ce que l’on peut malheureusement voir trop souvent ! Ceci est d’ailleurs autant valable pour les futurs prêtres ou religieuses car les éviers des prieurés et couvents se bouchent tout autant que ceux des maisons familiales… Le souci d’économie est donc une autre excellente raison d’entraîner nos enfants à rendre service à la maison, en plus de l’apprentissage ce sont les habitudes qui se prennent et les cœurs qui s’ouvrent dans le don de soi au service de tous.

Pourquoi ne pas emmener nos enfants au marché pour qu’ils se rendent compte de la valeur des choses et sachent choisir un morceau de viande au juste prix ou reconnaître la fraîcheur du poisson sur l’étalage ?

Si l’un a besoin d’une nouvelle paire de chaussures, montrons-lui-en le prix en boutique afin qu’il réalise la dépense et prenne davantage soin de ses affaires. Jouons au jeu d’improviser un repas convenable à partir de ce qui reste dans le réfrigérateur. Et puis ne jetons pas avec facilité ce qui nous embarrasse, portons nos vêtements jusqu’à l’usure quitte à les transformer s’ils deviennent un peu démodés… Ce pain sec que je jette, cette chaussette juste trouée au bout ont été le travail d’autres personnes que je dois respecter en les transformant ou réparant. Chers époux, modèles de vos enfants, apprenez-leur à entretenir leurs affaires en les rangeant, les réparant. S’ils sont plusieurs par chambre cela les encouragera à l’ordre et au respect des choses, et vous verrez comme elles dureront !

Sans tomber dans le piège de la radinerie, signe de cœur inquiet et fermé à la joie du prochain, l’économie ne ferme pas le porte-monnaie, mais ordonne sagement les dépenses en limitant le superflu au profit de l’indispensable. Et si vous voulez savoir comment garder la paix dans votre ménage sur ce sujet parfois épineux : Monsieur donnez à votre femme un peu plus qu’elle ne vous demande…et vous, Madame, dépensez toujours un peu moins que ce que vous comptiez faire …

Sophie de Lédinghen